Le 25 avril 2021, soit la veille du 35e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, 116 personnes ont survolé le site 900 mètres dans les airs pendant 1h30 pour la somme modique de 88 euros. Une opération qui permet également de rentabiliser un avion cloué au sol depuis le début de la pandémie mondiale. 

Cette même pandémie avait mis un coup d’arrêt à l’importante augmentation de touristes sur le site de Tchernobyl depuis la diffusion d’une série consacrée au sujet par HBO en 2019. Dès 2011, le gouvernement Ukrainien avait ouvert la zone d’exclusion d’un rayon de 30 km autour du réacteur n°4 aux curieux du monde entier, après des années de strict contrôle militaire. Résultat, après n’avoir attiré “que” 7 000 touristes en 2011, le site a été visité par 72 000 personnes en 2018. L’année 2019 a vu une augmentation d’encore 40% d’affluence grâce au succès de la série, rapidement stoppé par les mesures sanitaires avec seulement 32 000 visiteurs en 2020.

Tchernobyl

©Dmitry Birin /Getty Images

Une pratique encouragée par les autorités ukrainiennes, et portée par différentes agences de tourisme à l’image de Tchernobyl Tour, associée au vol du 25 avril. Ce phénomène du dark tourism, c’est-à-dire le tourisme organisé sur des sites controversés généralement associés à la mort, engendre cependant des dérives qui sont critiquées pour le manque de respect envers les victimes. Les selfies,  destinés à Instagram pris par de nombreux visiteurs, sont particulièrement pointés du doigt. L’organisation de visites depuis le ciel est-elle alors une forme plus éthique et respectueuse du tourisme, en évitant de contaminer ces lieux chargés de douleurs par notre présence ? On vous laisse juge.

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