Un paysage idyllique pour une ville futuriste
Le constructeur automobile japonais a de l’ambition. Lors du salon de l’électronique grand public de Las Vegas, Toyota a annoncé la concrétisation d’un tout nouveau champ d’expérimentation. L’entreprise voit grand et semble aller au-delà de son domaine de prédilection : l’automobile. Le projet est celui d’une ville complète, entièrement connectée, aux pieds de la très célèbre montagne et point culminant du Japon : le Mont Fuji. Le symbole est évocateur. En plus d’être le sommet le plus haut du pays, Fuji signifie “abondance” ou “sans égal”, nous laissant petit à petit imaginer l’ampleur du projet… Cette nouvelle smart city sera-t-elle aussi connectée au Mont que ne le seront ses infrastructures aux big data ?
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Une ville “tissée”, durable et connectée ?
Ne l’oublions pas, Toyota est avant tout un constructeur automobile. Woven city (littéralement, ville tissée) projette donc bel et bien de mettre la voiture au cœur de ses expérimentations. Et cela commence par une séparation stricte des voiries. Les axes de circulation seront en effet extrêmement bien définis : une voie sera réservée aux véhicules rapides, une deuxième, mixte, aux véhicules plus lents (voitures, vélos…) et la troisième aux piétons. Pour une ville dite “3×3”: fini le partage de la chaussée !
Akio Toyoda, PDG du groupe, explique aussi qu’il envisage par son projet un “mode de vie meilleur” où l’empreinte carbone serait minimisée. Les bâtiments durables en bois seront tous équipés de panneaux photovoltaïques pour alimenter la ville en énergie.
La ville servira aussi de test pour l’ensemble des innovations automobiles, de domotique et de robotique issues de la haute technologie.
On trouvera donc dans la ville des maisons équipées de capteurs pour vérifier l’état de santé des résidents, un système automatique de livraison des marchandises, de collecte du linge…
Tous cobayes
Woven city sera habitée par environ 2000 personnes, essentiellement salariées de Toyota. Akio Toyoda est formel : la ville pronera la mixité intergénérationnelle. Jeunes et vieux seront donc tous logés à la même enseigne, en devenant des “bêta testeurs” à travers les 71 hectares d’innovation que couvrira la ville en intelligence artificielle.
En permettant à ses ingénieurs d’habiter et de travailler dans une seule et même ville, l’entreprise semble pratiquement s’inscrire dans une logique paternaliste. Woven city héberge donc ses propres constructeurs dont la vie quotidienne sera un terrain d’expérimentation pour Toyota : ceci est peu banal pour une ville !
Si Woven city semble inspirer une atmosphère “zen” ornée de fleurs de cerisiers propres à la culture japonaise, Toyota n’est pas pour autant à l’abri d’une polémique identique à celle de Googlecity à Toronto, à laquelle on reprochait l’ultra-connectivité et la collecte des données privées des habitants.
Ces nouveaux projets de smart-city fondées par des entreprises posent fortement la question de la privatisation des villes : ici, on peut se demander si l’innovation et la technologie qui seront développés seront réellement au service des habitants de Woven City, ou si, au contraire, ils ne se retrouveront pas dépendants de ces dernières et enfermés dans un système profitant majoritairement à une entreprise privée.
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