Cela fait maintenant quelques mois que le Royaume-Uni est déconfiné et que les britanniques reviennent progressivement à la “vie normale ». Après la réouverture des commerces, des bars et restaurants, des sites culturels, ce sont maintenant les entreprises qui promeuvent un retour en présentiel. Mais après une intense vague d’exode vers la campagne, la fin du distanciel s’avère problématique à plusieurs endroits pour les britanniques. 

En effet, durant la pandémie, les britanniques qui en avaient les moyens ont pour beaucoup décidé de quitter Londres. Pour exemplifier ce phénomène, le marché immobilier écossais des propriétés de plus d’un million de livres vient de surclasser celui de la capitale. Dans le sud-est de l’Angleterre et en Écosse, les propriétés se vendent en moyenne en 61 jours, soit 25 jours de moins qu’avant la crise sanitaire. Cette tendance marque un déclin de l’influence de Londres alors beaucoup de citadins peuvent travailler chez eux, si possible dans des logements plus spacieux et aérés que les bureaux de la City.

Mais depuis quelques semaines, les entreprises londoniennes demandent, si ce n’est, imposent, un progressif retour en présentiel de leurs salariés. Les néo-ruraux font des allers-retours souvent excessivement rallongés, le périphérique est encore plus saturé qu’avant la crise sanitaire et le marché de l’immobilier londonien déchante. En effet, les néo-ruraux les plus aisés achètent de petits studios en cœur de ville pour les quelques jours passés à Londres. Les prix des studios, habituellement occupés par les étudiants et jeunes actifs, explosent, excluant les jeunes et les précaires de la capitale. À l‘exception de quelques locations touristiques de courtes durées, les résidences urbaines sont désertées les fins de semaines.  

Dans ces conditions, on peut se demander si le retour en présentiel est la bonne solution. Ne pourrait-on pas imaginer une mise en place durable du travail en distanciel et/ou une dépolarisation des entreprises hors des centres urbains traditionnels ? Pour le Royaume-Uni, mais aussi pour la France qui commence à être en proie aux mêmes problématiques, la redynamisation des territoires périphériques et ruraux et la dépolarisation des emplois et services paraissent dans ces conditions essentielles pour faire des villes et environnements de vie plus égalitaires et agréables. 

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