« Regards déchaussés, regards de chaussées ». Les entrailles de la ville sont là, sous nos pieds : la plaque d’égout en est l’entrée, la capsule visible vers un monde inconnu. Sous l’œil des photographes, elle devient un vecteur de rêve, presque mystique, un mandala urbain. Cette rondelle métallique est comme gravée dans le sol, couvertes de signes et de géométries qui sont autant de codes : carrés, cercles, spirales, pointes, croix, autant d’inspirations pour l’imagination.
Le réel urbain de Raphaële Heliot devient la clé d’un autre monde. Des inscriptions nous livrent des repères de lieux, nous font voyager de ville en ville, au gré des déambulations. Puis les apparitions d’Éric Chevallier soulèvent les voiles de l’inconscient, propulsent les couvercles de nos confinements intimes et mettent à nu les vibrations : de l’espace sur l’esprit et de l’esprit sur l’espace.
En se frottant graphiquement à ces plaques comme Aladin à sa lampe, nous déclenchons des apparitions aussi fugitives qu’intenses. Un chemin initiatique pour explorer l’imaginaire autant que ses propres profondeurs.
Emmenées dans l’univers de Raphaële et d’Éric, voilà les images de Marie-Pierre Lagarrigue et Steve Moreau. Du détail au paysage, du noir et blanc argentique au clin d’œil numérique, en passant par la chorégraphie improvisée en mode « urbex », les artistes des Ateliers Dionysiens nous partagent une vibration face aux rugosités des matières et aux jeux de lumières qui les font émerger.
Démasquer le paysage
Imaginer le verso des villes
À propos des photographes
Raphaële Heliot arpente les villes, amoureuse des jeux de lumières sur les matières. Plaque sensible, en vibration avec les lieux, elle fait corps avec le paysage urbain, révélatrice des petites et grandes architectures. Trouver du beau là où on ne le soupçonne pas, telle est sa quête.
Eric Chevallier est inspiré, visionnaire, il met autant de ferveur à composer ses images qu’à sculpter de drôles de personnages et à interpréter des rôles au théâtre. Il croit qu’il est fou, mais il sait bien qu’on l’est tous un peu.
Steve Moreau est un cinéaste rare, qui réalise des documentaires avec talent et patience, aussi bien que des fictions qui viennent compléter ses publications de romans. C’est un parisien de la campagne, un urbain qui rêve de ciels et d’arbres, qui voit dans la ville les vibrations du vivant, du fragile et de l’éphémère.
Marie-Pierre Lagarrigue dévoile son aventure physique de l’urbain. L’espace qu’elle nous montre est celui des corps, du mouvement, des absences, des vides et des pleins. Le temps est arrêté, les transmutations sont en cours, l’avenir indécis. Capter ces suspensions est un de ses nombreux talents.
Horaires de l’exposition :
Mardi au Vendredi : 15h-18h
Samedi et Dimanche : 11h-18h