Changement de mobilités, limitation de l’automobile dans nos espaces urbains, les enjeux de mobilités dans nos villes vont impacter de plus en plus le devenir des infrastructures routières. Alors, entre destruction et réhabilitation, quel avenir pour les ponts et d’autres infrastructures comme les tunnels dans les villes, ?
Des infrastructures à reconvertir ?
Ne cédons pas à la panique, les ponts ne sont pas tous sur le point de s’effondrer. Cependant, en ville la présence de ponts et de tunnels vieillissants ou désuets peuvent nous inviter à imaginer quelles reconversions pourraient être opérées pour les intégrer pleinement dans la fabrique urbaine.
L’avenir de l’automobile en centre-ville tend vers la réduction du trafic au profit de mobilités douces. Des changements qui transforment d’ores et déjà profondément le quotidien de nos villes. Ainsi, on peut s’attendre à ce que de nouvelles formes urbaines apparaissent et que la mutation des infrastructures routières, qui ont parsemé les zones urbaines durant près d’un siècle, deviendront un enjeu majeur.
Bien sûr, la solution la plus simple est souvent leur destruction, et cela est d’ailleurs évident pour les infrastructures dont l’état ne permet plus du tout leur exploitation.
Mais, n’y a-t-il que ce choix ? N’est-il pas envisageable, même si cette dernière devient obsolète, de la reconvertir ou d’en utiliser une partie pour une nouvelle exploitation ? En effet, les infrastructures sont là, en nombre, alors pourquoi les détruire alors qu’elles peuvent pour certaines techniquement toujours être utilisables pour de nouvelles mobilités ?
S’adapter à d’autres mobilités
Même si elles ne sont pas toujours esthétiques, les infrastructures routières constituent la trace d’une époque qui peut être préservée si leur reconversion en font un objet urbain intéressant et utile aux citadins. De plus, même si la voiture est moins présente dans nos villes, d’autres modes de transport la remplacent. Dès lors, elles peuvent servir ces nouvelles mobilités : trams, vélo, piétonnisation, les infrastructures peuvent être convertie pour d’autres modes de transport.
D’ailleurs, quelques projets voient le jour. Le pont de pierre à Bordeaux est désormais réservé aux piétons et trams, les voitures ne peuvent plus emprunter l’iconique pont et la métropole favorise l’utilisation de voies périphérique pour les voitures.
A Séoul, des voies d’autoroutes sont devenues piétonnes et ont été transformées en parc urbain. Néanmoins, cela ne veut pas dire que l’on peut tout reconvertir non plus, puisque par exemple, une portion d’autoroute a elle été détruite pour remettre à l’air libre une rivière que le béton avait enterré.
Plusieurs usages pour une même infrastructure
Les ponts et les tunnels sont des moyens de relier, et d’améliorer la circulation, leur présence en ville est garante d’une mobilité facilitée. Cependant, ils sont à l’image des gares en centre ville dont la présence est à double tranchant, avec d’un côté une mobilité très efficace qui amène directement dans le centre, mais aussi souvent en étant finalement une sorte de frontière entre des espaces, en créant notamment des non-lieux dans les villes, souvent synonymes de repoussoir, de lieux dangereux.
Cependant, grâce à leurs reconversions réussies, certaines infrastructures peuvent continuer de servir la mobilité urbaine contemporaine plus durable et aussi offrir des espaces utiles aux habitants.
Comment utiliser ces no man’s land ? Le cabinet d’architecture suédois SWECO s’est posé cette question, et il a recensé de nombreuses solutions à travers le monde.
D’abord, les murs des ponts ou des tunnels, souvent des surfaces de béton peu attirantes, peuvent servir pour la création fresques ou même être le support d’une végétalisation. C’est la cas à Mexico où les piliers de ponts autoroutiers ont été utilisés comme surfaces pour des murs végétaux ! La “via verde” veut montrer l’exemple pour combattre la pollution dans une ville particulièrement polluée, notamment par le trafic automobile incessant. En France, à Aix-en-Provence, les façades du pont Max Juvenal ont elles aussi été recouvertes de murs végétaux.
Les non-lieux créés par les ponts et tunnels sont aussi des espaces à reconquérir. On peut y aménager des activités. A Oslo, un pont créait un passage peu accueillant pour les piétons, alors pour rendre cet espace attractif, le tunnel a été transformé en mur d’escalade beaucoup plus lumineux !
À Portland, c’est un skate park qui avait été aménagé illégalement en dessous d’un pont, finalement la ville avait accepté sa présence car il permettait de trouver une fonction à un espace délaissé. Son emplacement original l’a rendu célèbre et il a été représenté dans des jeux vidéos de skate et des films. En France, à Arcueil en 2013, c’est sous le pont autoroutier que la ville a aménagé un skate park. Ces lieux permettent des aménagements qui ne sont pas toujours acceptés dans les centres-villes.
A Lyon, Londres, Bergen, les tunnels y sont reconvertis pour le tram, les piétons et même les vélos. Des voies cyclables souterraines offrent des voies de circulation rapides dans la ville, une solution idéale dans des espaces très denses !
Penser les ponts et tunnels comme des lieux pouvant offrir une mixité fonctionnelle peut donc permettre d’aménager des espaces pour les habitants au cœur des villes ! Après des décennies d’aménagement de voies routières, il existe aujourd’hui une énorme réserve d’espaces à convertir pour le futur de nos villes. Autant de lieux à imaginer pour des espaces urbains toujours plus agréables et confortables pour ceux qui y vivent !