Dans les grandes villes, l’isolement et l’individualisme sont maintenant une tendance de l’évolution des modes de vie, et dans les villes émergentes, ces phénomènes s’accélèrent depuis quelques années. Alors que les liens sociaux se désagrègent, la diminution de la solidarité en est souvent une conséquence. Éloigné les uns des autres, il devient difficile de mettre en avant les difficultés individuelles des habitants ou de se rencontrer spontanément pour discuter et résoudre ensemble les problématiques urbaines.



Dans ce contexte, faire jouer la démocratie participative peut être un moyen au service des citoyens pour favoriser la solidarité et la confiance, et développer le sentiment d’appartenance à une communauté dans des villes de plus en plus grandes. A l’étranger, différentes formes de démocratie participative existent et il nous apparaît intéressant de s’y pencher pour s’en inspirer.



Après la révolution industrielle, les institutions civiques, permettant aux citoyens de se regrouper, ont évoluées. À Londres, Le City Hall est créé en 1910 pour que les habitants se réunissent et discutent avec les responsables de l’élaboration des politiques publiques. Mais avec 8,5 millions d’habitants aujourd’hui, cette réunion devient compliquée à mettre en œuvre. Pour permettre la démocratie participative, la ville de Londres s’est alors dotée du Digital Town Hall. Avec la même fonction que le City Hall, le Digital Town Hall permet grâce à la technologie d’ouvrir la réunion à tous les citoyens. Initiative de la Civic Tech, ce dispositif met le numérique au service des citoyens en les aidant à se connecter entre-eux, mais aussi à la ville afin qu’ils puissent participer et réfléchir ensemble à des solutions partagée pour leur milieu urbain…



Dans d’autres pays européens, les référendums d’initiatives citoyennes (RIC) sont courant comme en Hongrie, en Allemagne, au Portugal ou en Italie, mais les systèmes sont suffisamment variés pour se révéler plus ou moins efficaces. Quand en Suisse le système est plutôt facilité pour le citoyen, nécessitant 100 000 signatures pour enclencher un référendum et 50 000 participants au référendum pour valider le résultat, il devient contraignant dans des pays comme la Hongrie, où il faut qu’au moins 50% des électeurs du pays votent au référendum pour que le résultat soit pris en compte.  



Le système des budgets participatifs mis en place à Paris depuis 2015, et récemment dans d’autres villes en France, a été inventé en 1989 au Brésil à Porto Alegre, une tradition historique dans la ville qui s’est par la suite développée dans d’autres villes du monde. Les citoyens ont l’habitude de se retrouver à des réunions de quartier dans des gymnases ou des églises pour débattre du traitement des eaux usées ou de nettoyage des plages, révélant à la fois un droit à exiger des projets urbains, mais aussi à les financer. Les discussions organisées permettent aux citoyens de délibérer sur les projets et de voter la part du budget de la ville qui sera allouée à ces derniers. Pourtant, d’après un article du World Economic Forum, ce système est actuellement en perte de vitesse dans sa ville berceau avec moins de fonds dédiés, et ce malgré l’engouement international pour l’initiative.






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En Europe, un incubateur pour la démocratie participative a été conçu par le Conseil de l’Europe, le Forum mondial de la démocratie et coordonné par The Democratic Society (Demsoc), une ONG internationale qui travaille pour plus de démocratie depuis 4 villes, Bruxelles, Pise, Manchester et Edimbourg. Avec cet incubateur, l’objectif de Demsoc est de réunir les villes européennes et de les connecter avec des structures novatrices quant à la question de la démocratie afin de dupliquer et adapter, selon l’échelle, des innovations de la démocratie participative.



Parmi les autres travaux de l’ONG, un programme local de 12 mois sur le développement de places publiques et de participation est actuellement en cours à Messina, une des plus grandes villes de Sicile jusqu’à avril 2019 : “Le Agora di Messina”. L’objectif est d’identifier et de connecter des groupes existants, puis de les lier aux partenaires publics tout en incluant les individus qui risquent l’exclusion. Au terme de l’exercice, le défi est de mettre en place un système démocratique autonome et efficace sur le long terme.



Si certains dispositifs de démocratie participative à succès se sont exportés ou se démocratisent, d’autres ancrés depuis des années ont moins d’efficacité. Ainsi, certaines méthodes méritent que l’on s’y intéresse davantage, à condition qu’elles soient adaptées au contexte et à l’histoire du lieu où elles s’inscrivent. Enfin, des innovations incluant la technologie et/ou des groupes de travail, sur la question participative, se développent au sein de chaque ville. Elles promettent des pratiques issues d’expériences innovantes dans les années à venir, d’où l’intérêt de garder l’oeil sur les initiatives de démocratie participative étrangères et internationales !



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