Les riverains des beaux quartiers des 15ème et 16ème arrondissements luttent depuis 2018 en faveur du déménagement de l’usine Lafarge. La centrale à béton, située sur les berges de la Seine, est souvent critiquée pour son manque de charme évident et le bruit des camions quotidiens qui l’accompagne.
Le combat des parisiens est d’autant plus justifié au vu de la réputation de l’entreprise Lafarge. Son financement présumé du terrorisme en Syrie et les eaux polluées que son autre centrale à béton parisienne a déversées dans la Seine sont d’assez bonne raisons pour vouloir faire disparaitre l’usine du centre de la capitale.
L’association Riverains du port de Javel, grâce à sa détermination et ses nombreuses sollicitations auprès des élus de Paris et de leur arrondissement, a cru avoir eu gain de cause en 2020. Le projet d’agrandissement de l’usine Lafarge avait, en effet, été amendé à la fin de l’année 2020. Cependant, la Mairie de Paris a validé le permis de construire modificatif le 7 décembre 2021, ce qui signifie que la centrale va bien déménager, mais seulement à cinquante mètres de là où elle est actuellement.
Il n’y a eu aucun recours lancé dans le délai légal de deux mois ; Lafarge peut donc officiellement commencer son chantier quand il le souhaite. Même si la possibilité de son déménagement vers le port industriel de Gennevilliers, la zone n’a pas vocation à hériter des installations dont Paris ne voudrait pas.
Menée par des parisiens au profil plus aisé que ceux que l’on retrouve traditionnellement dans les combats écologistes, cette lutte diffère aussi par les raisons qui l’animent. Plus que les conséquences environnementales, c’est la question esthétique qui est au cœur des revendications de l’association. Pour autant, on retrouve, sous des formes très différentes, des combats similaires autour de la lutte contre le surtourisme ou de la qualité de vie urbaine. Vers une convergence des luttes entre l’Est et l’Ouest parisien ?
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