La décision a été prise, la Nakagin Capsule Tower à Tokyo sera démolie ce mois-ci. Ce verdict met fin à des années de réflexions et d’incertitudes entourant la structure de cette œuvre architecturale contemporaine. Achevée en 1972, la tour offrait une vision futuriste de la vie urbaine avec un concept fondé sur le principe du métabolisme. 

Ce mouvement architectural est né au Japon en 1952, après la fin de l’occupation américaine post Seconde Guerre mondiale. Face à cette nouvelle autonomie, et à cette opportunité de se renouveler, les architectes japonais ont élaboré un mouvement hybride entre l’influence occidentale et la préservation de leur culture d’avant-guerre. Le métabolisme s’est alors fondé sur des principes biologiques, permettant aux bâtiments de se régénérer. 

La tour capsule Nakagin est un parfait exemple de cette nouvelle vision radicale. Elle enlace technologie et production de masse tout en s’inspirant des concepts biologiques des cellules organiques. La tour est donc un ensemble de 144 unités construites en usine qui se disposent autour de deux noyaux en béton. Chacune des capsules est aménagée avec des appareils électroménagers, des meubles intégrés et un simple hublot comme fenêtre. Chacun de ses logements avait été réfléchi pour être autonomes et facilement remplaçables. Kisho Kurokawa, le concepteur de la tour capsule Nakagin, avait initialement prévu le remplacement des capsules tous les 25 ans.  

Seulement, ces capsules sont devenues obsolètes et délabrées, et de nombreux appartements ont alors été abandonnés ou utilisés à des fins de stockage ou de bureaux. Finalement, en 2007 l’association des propriétaires a voté en faveur de la vente de la tour à un promoteur immobilier qui avait pour ambition sa destruction et son remplacement. Mais l’entreprise a fait faillite en 2008 et le sort de la tour est resté en suspens jusqu’en 2021 où un groupe de sociétés immobilières en a fait l’acquisition. 

Les coûts de rénovation et de désamiantage étant trop élevés, il a été décidé de démolir le bâtiment. Les derniers résidents auraient donc quitté leur logement le mois dernier pour que la démolition puisse débuter le 12 avril. La destruction du bâtiment attriste cependant les conservateurs qui avaient exprimé l’espoir que la tour soit préservée. Les pétitions et les campagnes pour l’inscrire au patrimoine architectural du Japon ou à l’UNESCO n’ont pas abouti. Une version numérique sera cependant conservée, ainsi qu’une dizaine de capsules qui seront présentées dans des musées, notamment au Centre Pompidou qui souhaite en acquérir une. On ne vous manquera pas de vous prévenir d’un tel évènement !

Photo de couverture : ©Wikimedia Commons