La longue fermeture des salles de sports, clubs et gymnases pendant la pandémie a renforcé un mouvement de fond : la transition sportive des espaces urbains. En effet, le sport se pratique de plus en plus en extérieur et avec des équipements accessibles et centraux, fournis par la ville.
Si la pratique du sport en milieu urbain n’est pas une nouveauté – les terrains de pétanque sur les places méridionales sont ancestraux – l’accès aux installations sportives municipales était, il y a peu, encore largement réglementé et limité. En effet, si dans les années 1960, nombre de communes se sont dotés de stades, piscines et gymnases municipaux, et dans les années 1990, de parcours santé et voies dédiées au jogging, ces installations sportives étaient généralement implantées dans des espaces périphériques dédiés. À chaque époque, une tendance sportive participait donc à démocratiser la pratique du sport mais sans l’intégrer pleinement à la morphologie urbaine.
C’est l’implantation de terrains multisports ouverts, d’ailleurs surnommés “city”, et de skateparks en centre-ville ces dernières années, qui a commencé à transformer l’aménagement des villes françaises. Aujourd’hui, la tendance est au street workout, et de plus en plus de collectivités se dotent d’équipements dédiés au fitness, souvent demandés par les jeunes et les associations, qui cherchent à réaliser en plein air et proche de chez eux, des pratiques alternatives, moins centrées sur le jeu que sur la force, la performance et la santé.
À ce titre, les professionnels du marché des agrès de rue parlent de “grand boom du fitness”. En effet, en 2020, ce sont 2 000 communes françaises qui ont été équipées de portiques à tractions, bancs à abdominaux et elliptiques extérieurs.
Ainsi, la ville se réinvente pour promouvoir l’activité physique. Un « urbanisme sportif » qui valorise l’appropriation sportive de l’espace public, dans les grandes mais aussi les petites villes, et tend à toucher des populations plus larges que les seuls jeunes et jeunes adultes. Les villes promeuvent d’ailleurs, dans le choix des équipements qu’elles installent, des pratiques plus souples, plus ouvertes, plus mixtes, en multipliant les occasions et les aménagements pour que le sport pénètre la ville.
Cependant, pour le moment, les pratiquants de ces installations restent majoritairement des jeunes hommes. Et si de plus en plus de femmes et jeunes filles s’approprient portiques, skateparks et city, il y a encore du travail à faire, sur et autour des installations, pour que la ville devienne une salle de sport à ciel ouvert inclusive.
Photo de couverture « Issy-les-Moulineaux » – AirFit/Unsplash