Le discours d’Emmanuel Macron, qui s’est tenu dans la matinée, dénonce les séparatismes religieux en France, plus particulièrement les séparatismes “islamistes”. Un discours qui a eu lieu dans la commune des Mureaux, connue pour son fort communautarisme religieux, mais aussi pour l’ensemble des actions qui ont été menées ces dernières années afin de favoriser le vivre-ensemble.
Pour un conseiller du chef de l’État, la ville des Mureaux “incarne parfaitement l’action des maires et celle de l’Etat sur le territoire” : depuis plusieurs années, la ville, “territoire de solution” (d’après les mots d’Emmanuel Macron), œuvre à décloisonner les communautés religieuses qui cohabitent sur le territoire. Des actions qui, pour François Garay, maire des Mureaux depuis 2001 (Divers Gauche), commencent à trouver écho dans la ville : « aujourd’hui il y a un vivre-ensemble chez nous (qu’on) développe avec les associations culturelles et sportives ». La ville prône en effet la création de liens entre les différentes communautés de la ville par le lancement d’initiatives culturelles : en 2018, l’inauguration d’une médiathèque très active et ouverte à tous a été citée comme « exemplaire ». La ville travaille également à la sensibilisation des plus jeunes à la question de la République et de la laïcité. Enfin, des visites urbaines sont proposées aux nouveaux professeurs afin de montrer la diversité des visages de la ville, qui ne se résume pas à “caillassage et cités sensibles”. La question des séparatismes n’en reste pas pour le moins importante dans la ville.
En 2016, la ville avait été très marquée par des affaires de radicalisme religieux dans les cités sensibles : fermetures de mosquées trop radicalisées (Ecquevilly), attentats revendiqués contre un représentant des forces de l’ordre et sa femme, fonctionnaire (affaire Salvaing).
Pour Chems-Eddine Hafiz, recteur de la grande mosquée de Paris, la radicalisation de certaines cités séparatistes est intimement liée à une “ghettoïsation progressive” de certains territoires, un processus à l’œuvre “depuis près de quarante ans”, qui a d’abord touché le domaine “urbanistique, puis sociologique, enfin économique, avant de devenir idéologique et identitaire.” Dans ces territoires isolés et marginalisés, où la précarité économique prédomine, les extrémistes religieux ont progressivement gagné du terrain, créant des communautés fermées, politiques, refusant parfois les lois de la République. Au point que certaines parties de la ville fonctionnent désormais selon des “lois coutumières”.
Aux Mureaux, les 5 cités sensibles, Bécheville, Les Bougimonts, l’Ile-de-France, La Vigne Blanche et Les Musiciens ont longtemps été marginalisées du centre-ville, duquel elles se sont progressivement coupées. L’isolement spatial, la précarité économique (taux de pauvreté approchant les 31% pour les moins de 30 ans) ont contribué à forger des communautés à l’identité très fortes. Le sentiment d’abandon de l’état, le chômage de masse (moyenne de 19% sur l’ensemble de la ville, contre 10% en France), la pauvreté, la difficulté d’accès au logement (taux de locataires HLM de 39% contre 3,3% en moyenne en France) forment un contexte propice aux phénomènes de renfermement dans des idéologismes radicaux.
Depuis des années, plusieurs projets de réaménagements et de désenclavement de ces cités se succèdent. En 1975, le projet “fil d’ariane”, un chemin piéton de 3km, devait nouer un lien entre le centre-ville historique et la cité plus excentrée de la Vigne blanche. Si le chemin reste encore long à parcourir, les diverses politiques menées ces dernières années au sein de la commune des Mureaux connaissent une certaine réussite et devraient permettre de délivrer un message optimiste.
Dans un contexte sociétal où la question du vivre-ensemble est au cœur des politiques nationales, l’aménagement urbain a plus que jamais son rôle à jouer dans la fabrique d’une ville inclusive. Au-delà des lois de la République, c’est en créant des lieux propices à la rencontre et en raccordant des territoires isolés entre eux, et en s’appuyant sur la présence d’associations et du service public que de véritables connexions entre les communautés seront possibles. Des communautés qui constituent aujourd’hui la richesse et la diversité de la France.
Photo de couverture : Nouvelle médiathèque des Mureaux, source Wikimédia