Un nouveau concept s’empare d’un EHPAD public du cœur de ville de Maromme. La maison de retraite, communément appelé le village des Aupébins, voit les limites de ses murs s’estomper depuis que des commerces s’y installent. En effet, ces derniers sont ouverts à la fois aux résidents, mais aussi aux habitants de la ville, ce qui rend l’établissement plus accueillant.

Les commerces que la Maison de retraite abrite sont d’ailleurs situés sur la “place centrale”, au centre de la résidence. Pour partager un moment avec un membre de leur famille, les résidents peuvent sortir de leur chambre et déjeuner dans la brasserie de l’Ehpad, ouverte à tous, résidents comme habitants ou salariés de la ville. Située au rez-de-chaussée, cette brasserie facilite la mobilité des résidents, leur permettant ainsi de bénéficier d’un cadre agréable et de partager des liens sociaux dans un espace public. La maison de retraite propose également des services comme une couturière, une esthéticienne et un salon de coiffure, également ouverts au public. Cette expérience semble ravir les habitants de Maromme qui y voient une avancée dans le soin accordé aux seniors.

L’environnement personnel de le l’Ehpad du Trait d’Union du Cailly participe à valoriser le cadre de vie de ces seniors. Les chambres des résidents sont en réalité aménagées comme de petits appartements de 23 à 27 m² avec un balcon qui donne une vue sur la ville. Enfin, les étages correspondent à des noms de rues ou de places comme la “rue des rêveurs” ou la “place des oublis”. Les appartements ont un numéro quant à eux une boîte aux lettres et les résidents possède tous une clé. La différence avec la ville est ainsi subtile, ce qui participe à maintenir l’autonomie et la dignité des seniors qui y vivent. De plus, un chambre d’hôte est mise à disposition des proches, permettant aux résidents de recevoir leurs proches pour une nuit.

Le “village des Aupébins” a reçu une distinction en 2014 pour son inventivité et son humanité. La vision avant-gardiste de la directrice de la maison de retraite, Marie-Pascale Mongaux est de réintégrer les personnes âgées à la ville afin de lutter contre une discrimination qui consiste à les reléguer à leurs marges. Pour cela, le développement d’une culture inclusive et la promotion de la citoyenneté collective sont utilisés comme des outils d’intégration à la société. Ainsi, depuis plusieurs années déjà, elle pousse à une conscientisation collective, un changement culturel et de regard dans les structures, mais aussi chez les citoyens. Elle mène aussi une démarche de réflexion avec la ville et développe des solutions qui favorisent leur bien-être, notamment des activités sociales et culturelles comme le café des âges, qui incite au débat citoyen intergénérationnel ou encore à la médiation artistique auprès des personnes âgées.

Si cette expérience a mis du temps pour équilibrer les comptes des commerces, c’est qu’il n’était pas question de faire des bénéfices. Cependant, vivre dans cette résidence a un prix avec une moyenne de 2 200 euros par mois qui servent à compenser les investissements. Une aubaine pour les plus chanceux, qu’on souhaiterait voir se développer avec des prix plus accessibles pour des Ehpads davantage intégrés à la ville et pour tous …

Photo de couverture Jeff Sheldon via Unsplash