Les animaux en ville, une réalité quotidienne depuis toujours ?

Avant l’hygiénisation de nos villes, la présence des animaux était une réalité quotidienne en milieu urbain. Comme nous l’explique Léa Mosconi, architecte et commissaire de l’exposition Paris Animal du Pavillon de l’Arsenal,“Pendant des siècles, l’élevage, le commerce et l’abattage des animaux se sont en effet pratiqués dans la ville.” Autrefois, les chevaux et les bœufs étaient des compagnons familiers dans nos rues, jouant un rôle essentiel dans le transport et le travail. Ils faisaient partie intégrante de la vie urbaine, tandis que la volaille, les cochons et les lapins se côtoyaient dans les étals des marchands ambulants. Cette cohabitation, parfois difficile, était source de problèmes tant au niveau de l’hygiène que de la logistique. Le jeune roi Philippe de France en a d’ailleurs perdu la vie en 1131, lorsqu’il fut désarçonné de son cheval dans les rues de Paris par un cochon domestique, il succomba à ses blessures quelques heures après l’incident. Un épisode tragique qui témoigne d’une coexistence problématique et du manque de cadre pour organiser et contrôler la présence d’animaux vagabonds dans les villes.

L’urbanisation croissante et les changements socio-économiques ont par la suite progressivement transformé la relation entre les animaux et la ville. L’hygiénisation de la ville, motivée par des préoccupations de santé publique, a entraîné des politiques de contrôle des animaux et des mesures d’assainissement pour éliminer les nuisibles. Cette évolution a conduit à une séparation de plus en plus nette entre les espaces urbains et la vie animale, marquant un changement significatif dans la relation entre l’homme et les animaux.

Durant l’industrialisation, on assiste alors à une sorte de “mécanisation” des animaux, où ceux-ci sont utilisés pour leur force et leur énergie. Autour de 1900, Paris fut même surnommée “la ville au 80 000 chevaux” pour ses milliers d’équidés qui assuraient le transport mais aussi le portage des matériaux, les services de Poste, les véhicules de pompier… Progressivement, les petits abattoirs incrustés dans le tissu urbain, de même que les marchés aux bestiaux, sont déplacés vers les périphéries et regroupés afin de simplifier la logistique tout en réduisant et contrôlant la présence animale en plein cœur des villes. Cette évolution marque une distinction de plus en plus nette entre les mondes urbains et ruraux, avec une production concentrée dans les campagnes et une consommation prédominante dans les zones urbaines.

Aujourd’hui, ces grands abattoirs et lieux de commerce ont, pour une grande partie d’entre eux, comme ceux de La Villette à Paris, été requalifiés et réhabilités après avoir fermé pour des soucis de modernisation. À Paris, alors que les 54 hectares de La Villette alimentaient à eux-seuls la totalité des habitants de la capitale en viande, les anciennes halles du marché, de la gare et des abattoirs ont été détruites ou transformées pour en faire le plus grand parc de la capitale. Centre névralgique de la culture et du loisir, le parc de La Villette avec ses 33 hectares d’espaces verts témoigne aussi d’une volonté de réintroduction de la nature en ville.

Parc de la Villette ©Wikimedia Commons

Parc de la Villette ©Wikimedia Commons

Les animaux, une inspiration pour la ville

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