Alors qu’il lui avait consacré en 2008, une grande rétrospective pour saluer ce grand artiste, le Centre Pompidou nous annonçait la triste nouvelle la semaine dernière : la figure de l’art urbain, Jacques Mahé de la Villeglé, nous a quittés.
Référence incontournable dans l’art de rue, les street-artistes contemporains pleurent aujourd’hui leur “grand-père”. Ses œuvres et son nom résonnent inévitablement avec le mouvement du Nouveau Réalisme dont il est membre fondateur en 1960. Né le 27 mars 1926 à Quimper, Jacques Villeglé a étudié aux Beaux-arts de Rennes puis de Nantes. Il migrera finalement à Paris où il y décollera sa première affiche en 1949, avec son ami Raymond Hains, lui aussi plasticien.
Ensemble, ils sont les inventeurs de l’affichisme, cette technique consistant à créer des œuvres à partir de la matière première des rues et des murs : les affiches. L’artiste part à la conquête urbaine d’affiches et décolle celles lacérées par des passants anonymes ou par les conditions climatiques : il veille toujours à les choisir avec soin et raison. Par la suite, il n’hésite pas à la recomposer à partir d’autres morceaux d’affiches récupérées et conçoit ainsi une composition lacérée qu’il maroufle sur une toile pour la présenter.
L’artiste, véritable archéologue urbain, travaille son œuvre comme un ensemble d’artéfacts témoins de l’histoire de la rue, qui reflète la culture dominante. Il balaye toutes les thématiques : affiches monochromes, images politiques protestataires, affiches marketing détournées, affiches de spectacle… Mais à la différence d’Andy Warhol ou Roy Lichtenstein, il accorde plus d’importance à la forme plastique de l’œuvre qu’aux slogans et marques.
Également porteur d’un grand intérêt pour la typographie, la poésie et la recherche graphique, l’artiste s’est amusé, à partir de 1969, à créer un “alphabet socio-politique” où ils transforment les lettres par des signes porteurs le plus souvent de sens totalitaire ou autoritaire. Il affichera son invention le plus souvent en graffiti telle quelle ou bien en sculpture.
La ville de Saint-Malo, dont il était résidant dans son enfance, travaillait depuis des mois avec l’artiste et ses filles pour lui dédier une exposition estivale. Le 9 juillet sera dévoilée cette exposition, sûrement remplie d’émotions. Alors si vous êtes intéressés par l’artiste et ses œuvres, rendez-vous à Saint-Malo !
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