Miss.Tic, pionnière du street art, est morte ce dimanche 22 mai 2022. Véritable militante, elle ré-attribuait l’espace public aux femmes avec ses pochoirs malins et justes qui constituaient à la fois un moyen de sortir de son atelier et d’inverser le rapport artiste-galerie. « Je me suis dis : ‘Je vais devenir incontournable et ce sont les galeries qui viendront me voir.’ Peut-être que c’était très prétentieux…’’ 

Miss.Tic, c’est d’abord un parcours tumultueux ; elle commence à couvrir les murs de la capitale de ses pochoirs, notamment dans les quartiers de Ménilmontant, Montmartre, le Marais et bien sur la Butte-aux-Cailles où elle installe son atelier. Elle y raconte ses histoires sentimentales et personnelles en prenant des figures féminines comme personnification. Elle joue sur les stéréotypes de séduction voire le fétichisme en les tournant avec ironie et humour. Néanmoins, ses tags étant alors perçus comme des dégradations et non des œuvres, elle est arrêtée en 1997 puis condamnée en 2000, avec une amende de 22 000 francs. C’est peu de temps après que son art commence à être reconnu notamment via la sensibilisation à l’art urbain de manière générale. En 2011, la Poste créé pour l’occasion de la Journée pour la lutte du droit des femmes des timbres reprenant les motifs de Miss.Tic. En 2013, son exposition à Berlin la fait enfin connaître au grand public. 

Son parcours atypique a fini par la placer au rang de précurseuse de l’art urbain. Parfois assimilée au militantisme féministe, elle se revendique cependant comme une grande individualiste. Concernant les femmes, elle préférait les questionner, et leur donner une autre place dans la ville que celle véhiculée par les affiches publicitaires. Elles créaient ainsi des motifs de figures féminines particulières, caustiques, et drôles, tantôt tirées de magazines, de références artistiques plus ou moins connues, ou de photos d’elle-même. Les jeux de mots qui les accompagnent ont pour but de créer une relation avec le lecteur, et d’engager un autre niveau de compréhension, “de manière cérébrale mais pas intello”.