Les femmes sans-abris deviennent de plus en plus nombreuses. Avec une augmentation de 70% en 10 ans, elles représentent 38% des SDF, sauf que voilà, elles se font toujours plus discrètes, pour se protéger des violences de la rue, particulièrement genrées. Une situation qui les rend plus vulnérables et les incite, pour certaines, à éviter les centres mixtes. Pourtant, seulement 2 500 places leur sont dédiées sur les 20 000 places existantes.



A la nouvelle halte de l’hôtel de ville, 15 femmes sont déjà hébergées depuis son ouverture, et ce seront bientôt 50 femmes hébergées de nuit et 75 femmes accueillies la journée. L’initiative est gérée par le SAMU social et ce lieu d’accueil est installé entre la salle des Prévôts et la salle des Tapisseries, sur un espace de 750m² aménagé de lits, dortoirs et blocs sanitaires. Les femmes peuvent y être soignées et y manger un repas chaud.



Ouvert 7 jours sur 7, 24h/24, ce lieu n’oblige pas les femmes à plier bagages dès le lendemain. Elles peuvent y rester 14 nuits ou plus, mettre à jour leur dossier administratif, déposer une demande d’asile et obtenir une boite mail. D’ailleurs, un espace pour des entretiens a été aménagé dans la salle des Prévôts afin d’accompagner sur le long terme ces femmes sans-abris pour les diriger vers une vie en dehors de la rue.






La halte de l’hôtel de ville, hébergement d’urgence à destination des femmes SDF, ouvert le 11 décembre 2018, © Site de la Mairie de Paris



Cette halte fait partie d’un nouveau réseau de haltes constitué de la Cité des dames dans le 13ème arrondissement et géré par l’Armée du salut, mais aussi “l’espace femmes Charonne” du 10ème arrondissement à destination des femmes les plus en difficultés, où elles peuvent se reposer, se restaurer, laver leurs vêtements, et être accompagnées par un éducateur. La mairie du 5ème arrondissement est également sur le point d’ouvrir ses portes aux femmes sans domicile fixe.



Ayant comptabilisé un manque de 3000 places d’hébergement d’urgence pour les sans-abris en général dans la capitale, la ville de Paris s’est engagée à en créer la moitié. Pour l’instant, 900 hébergements ont été crés dans les bâtiments de la ville, en partenariat avec l’Etat et des associations de solidarité, depuis février, et 900 étaient prévus à partir de décembre dans des bâtiments vacants, des lieux municipaux en fonctionnement comme les mairies ainsi que des gymnases. Les 1 500 autres bâtiments sont de la responsabilité de l’Etat. Par ailleurs, un appel a été lancé aux entreprises pour mettre leurs locaux inoccupés à disposition des plus démunis.



Cette situation fait ressortir une problématique plus profonde : celle de la hausse de l’extrême pauvreté et le besoin de solutions à plus long terme. Le dispositif mis en place par la mairie de Paris est une des initiatives d’urgence mises en place en France. Il s’agit d’un bon début, mais il est urgent de mener une réflexion urgente pour un plan durable visant à éradiquer des situations où la société ne propose pas de solutions alternatives pour les personnes à la rue. C’est peut-être l’occasion de mettre en place le Housing First, concept qui consiste à donner un logement à un SDF sans conditions préalables pour l’aider à se stabiliser. Une demarche déjà répandue en Suède, qui n’a pas vu le nombre de ses SDF augmenter comme d’autres pays d’Europe.



Pour accéder à une place d’hébergement, il faut contacter les services sociaux ou le 115 qui recensent toutes les places en centre d’hébergement d’urgence.



Photo de couverture : Femme sans-abris à la rue, Photo par Andreea Popa | @ElfCodobelf via Unsplash