Au-delà d’un bilan humain désastreux, pendant plusieurs années, la ville de Mossoul a été transformée en champ de ruine. La vieille ville a été laminée, ses immeubles écroulés, ses ruelles anéanties. Les quartiers de la rive Ouest n’existent pratiquement plus et la mosquée Al-Nouri et son minaret ont été dynamités par Daech. Au total, entre 50 et 75% de la ville ont été rayés de la carte, ne laissant que des millions de tonnes de gravats.
Aujourd’hui donc, il s’agit de reconstruire la ville. Naturellement, les élus pensent à élaborer des orientations constructives notamment via un plan d’urbanisme. Dans ce contexte, Vincent Callebaut, architecte belge a voulu proposer sa version.
L’architecte est parti de la situation existante. Actuellement, les pelleteuses débarrassent le centre de la ville de ses gravats. Pourquoi ne pas réutiliser l’ensemble de ces gravats dans la reconstruction du Mossoul de demain, dans une logique circulaire et cyclique du développement urbain ?
Dans cette optique, Vincent Callebaut a imaginé « les 5 ponts agricoles ». Historiquement, Mossoul était composée de cinq ponts, qui reliaient les quartiers Ouest et Est. A partir des ruines, ces ponts pourraient être reconstitués. Les arches de ces grands ponts pourraient accueillir 55.000 logements au total dont la structure serait inspirée de l’architecture en nid d’abeilles. Ces modules indépendants seraient adaptables à tous les modes de vie et permettraient donc de répondre aux différentes exigences en termes de capacité habitable de chaque famille.
Si les arches accueillent des logements,le dessus des ponts propose des fermes urbaines et champs de culture. Ce complexe permettrait alors aux habitants d’acquérir une autonomie alimentaire, tout en assurant une isolation thermique par le haut. Dans une logique d’autonomie et de respect de l’environnement, les aspects énergétiques ont également été pensés. Des cheminées à vent assureraient un rafraichissement naturel de l’air. Des plafonds froids utilisant l’énergie thermique du fleuve, des chauffe-eaux solaires pour l’eau chaude sanitaire, et des centaines de pergolas photovoltaïques produisant les kilowatts seraient intégrés au complexe.
Si tout ce plan n’est qu’à l’état de concept, il faut tout de même noter que l’idée a valu à M. Callebaut le prix Rifat Chadirji lors du concours «Rebuilding Iraq’s Liberated Areas: Mosul’s Housing».