Ce lundi 27 juin, le Conseil National de l’Habitat rendra son verdict sur la proposition de mesure “bouclier loyer” proposée par le gouvernement. Alors que l’inflation devient un sujet central pour les locataires, le gouvernement suggère de plafonner la hausse des loyers à 3,5% maximum, pendant un an. 

Si Amélie de Montchalin, l’actuelle ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, se porte plutôt en faveur d’un gel des loyers, la Première ministre Elisabeth Borne réfute totalement cette mesure jugée comme une “fausse bonne idée”. Selon elle, les propriétaires ne sont pas à exclure car ils seraient également touchés par l’inflation, notamment via les charges d’entretien et les travaux de rénovation énergétique du logement : « Vouloir geler les loyers est une fausse bonne idée, car cela gripperait toute l’offre de logement ».

Le gouvernement propose donc une “solution équilibrée” et moins radicale qui tiendrait compte des contraintes à la fois des locataires et des propriétaires. Ce dispositif “bouclier loyer” sera donc inscrit dans le projet de loi de finances rectificative qui doit être voté cet été par le Parlement et s’accompagnera, en parallèle, d’une augmentation de l’Aide Personnalisée au Logement. Normalement effective dès le 1er juillet 2022, la revalorisation des APL, également de 3,5%, représentera pour le budget de l’État une dépense de 168 millions d’euros. Bien que cette mesure puisse aider et accompagner certains et certaines locataires, elle ne suffira pas à couvrir la totalité des dépenses supplémentaires dues à l’inflation. Effectivement, la part d’augmentation des APL s’appliquant sur une somme bien moindre que celle du loyer, elle ne pourra pas l’égaler. Les locataires déboursseront donc, dans tous les cas, une plus grosse somme pour leur logement que l’année précédente.

Selon Christophe Robert, le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, les APL devraient bénéficier d’une majoration de 10% pour répondre durablement à la hausse des loyers. Alors qu’“elles ont été malmenées pendant le quinquennat dernier, il est important de redonner du pouvoir à leur valeur”, d’autant plus qu’elles n’ont pas évolué à la même vitesse que la réalité des loyers et des charges. Avec des logements qui occupent le premier poste de dépense des ménages, il est primordial de répondre de manière juste et proportionnelle à cette augmentation. À cet effet, en plus de la revalorisation de ces aides au logement, les députés de la Nupes, et notamment William Martinet, se positionnent sur un blocage à la baisse des loyers suivi d’un rétablissement des aides publiques à destination des bailleurs sociaux. Mais du côté des propriétaires, ces mesures ne susciteront-elles pas une levée de boucliers ?

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