Même après plusieurs dizaines d’années de jumelage, certaines villes françaises ont décidé de se “déjumeler” avec leur partenaire russe en signe de protestation au conflit. La ville d’Agen, dans le sud-ouest, a ainsi marqué son désaccord en rompant son association avec Touapsé, l’un des maillons du système institutionnel russe situé au pied de la mer Noire. De même pour la ville de Pantin en Seine-Saint-Denis qui a stoppé son jumelage avec Moscou : « Déjà quand Poutine a lentement glissé dans la dictature, on avait ralenti puis arrêté les échanges« , précise le Maire Bertrand Kern. 

Avant la guerre en Ukraine, une quarantaine de villes françaises étaient jumelées à des communes russes, ce qui était déjà très faible comparativement aux communes allemandes (2300), mais aujourd’hui leur nombre baisse petit à petit. Pourtant, pour d’autres, comme la ville de Besançon jumelée à Tver ou encore Drancy jumelle de Lioubertsy, il n’est pas question de rompre les jumelages : Ces jumelages ne sont pas avec l’État russe, mais avec le peuple russe, et il n’est pas notre ennemi » explique Jean-Christophe Lagarde, député et ancien maire de Drancy. Préserver son jumelage avec une ville russe serait alors preuve de solidarité envers le peuple russe qui n’est pas forcément en accord avec leur président et qui s’y retrouve néanmoins associés. 

Par solidarité aussi, certaines communes françaises décident de se jumeler à des villes ukrainiennes pour faciliter les échanges et l’aide humanitaire. La ville de Cannes, devenue un passage obligé pour des milliers de réfugiés ukrainiens qui transitent vers l’ouest, a entamé les démarches de jumelage avec Lviv, ville fortement brisée par le conflit. Le Maire David Lisnard, qui s’était rendu sur place en Ukraine, a annoncé que ce “jumelage de solidarité” permettrait de simplifier l’envoi de dons et qu’il serait évidemment poursuivi dans le temps sur le plan culturel, une fois le conflit apaisé.

Ces “jumelages de solidarité” témoignent finalement de la volonté d’afficher son soutien au peuple ukrainien et forment aussi un symbole fort, tant humain que politique. L’amitié entre villes, c’est aussi montrer sa solidarité, d’ailleurs n’en serait-elle pas un pilier ?

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