Avec toujours l’objectif de réduire les coûts énergétiques et économiques de la ville liés à l’éclairage, mais aussi d’approfondir sa transition durable dans la gestion des lumières urbaines, la municipalité d’Auray, située dans la région de Lorient, dans le Morbihan, vient de franchir une nouvelle étape dans l’expérimentation lumineuse. 

En 2016, Auray est devenue un modèle à suivre en termes de réduction de la pollution lumineuse en expérimentant l’extinction progressive de l’éclairage public dans ses rues la nuit. À ses débuts, la municipalité avait mis en place un protocole d’extinction des lampadaires pour chaque quartier en fonction de sa situation géographique et de sa fréquentation. Suite à une série d’études et de diagnostics urbains, il avait ainsi été convenu que les quartiers pavillonnaires soient plongés dans le noir de minuit à 6h, le centre-ville à partir de 1h en semaine et 2h les week-ends, et le quartier de la gare 30 minutes après le dernier train. 

Seuls les axes structurants restaient éclairés toute la nuit “pour des raisons de sécurité et à la demande des gendarmes”. L’éclairage représentant 46% des consommations électriques de la ville, l’expérimentation avait permis à Auray de réduire sa consommation énergétique globale de 31 % pour une économie annuelle de 30 000 euros. L’expérience ayant été un succès en 2016, la municipalité l’avait poursuivi jusqu’au dernier trimestre 2021, où l’occasion du confinement d’avril est apparue comme une opportunité privilégiée pour approfondir l’extinction des feux. 

Ce printemps, Auray a ainsi poussé encore plus loin l’expérience nocturne : depuis le 15 avril 2021, et ce pour une durée de 10 semaines, la ville a fait le pari de complètement éteindre l’éclairage public dans les rues de 21 heures à 6 heures. 

La nuit noire reprend peu à peu sa place dans l’espace urbain, et pour connaître le sentiment habitant, la municipalité a lancé une grande enquête par questionnaire sur le site Auray participatif. Les alréens et alréennes peuvent ainsi communiquer leurs impressions, avis et recommandations pour l’avenir de l’éclairage en ville. Plus de 150 opinions ont déjà été collectées et avec le lancement d’un questionnaire papier samedi 12 juin, la municipalité espère atteindre 400 réponses d’ici le 1er juillet pour pouvoir questionner l’expérimentation sur une base statistique solide. 

D’ici là, le dernier point étape de la mi-juin laisse pressentir que l’expérience est déjà un succès sur plusieurs points. La municipalité fait une économie moyenne de 90 euros par jour sur l’éclairage public depuis le 15 avril, un gain économique et écologique conséquent. En outre, contrairement à certaines craintes, les services de police n’ont pas observé de hausse de la délinquance, de nuit comme de jour, les dernières semaines, ce qui tend à confirmer que l’absence d’éclairage public et la criminalité urbaine ne sont pas corrélés. Enfin, pour saluer sa dynamique durable de réduction des éclairages, Auray vient de se voir attribuer sa première étoile par l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN) et rentre ainsi dans le club labellisé des villes étoilées. Le 1er juillet, les lumières seront rétablies à Auray et plusieurs conseils publics seront ouverts aux habitants pour questionner l’avenir de l’éclairage public dans la ville.

Photo de couverture Artem Kniaz/Unsplash