Alors que la question de la vitalité commerciale — et donc urbaine — des centres-villes et centres-bourgs est au cœur d’un grand nombre de politiques publiques, la multiplication des dark stores semble aller à rebours du mouvement. Ces entrepôts fantômes, entièrement tournés vers la livraison à domicile ou au travail, ne sont jamais ouverts au public, ne contribuent pas à l’animation des rez-de-chaussée en ville et s’accompagnent de nuisances sonores, du passage des livreurs jusqu’au bip caractéristique d’une nouvelle commande. On en reconnaît la prolifération par la multiplication de la présence des livreurs à deux roues, aux couleurs très visibles des différentes entreprises qui se partagent le marché (Gorillas, Getir, Flink, …).
Les villes françaises n’ont cependant pas eu les outils nécessaires pour contrer ce phénomène largement renforcé par les couvre-feux successifs des années passées, et se sont retrouvées devant le fait accompli, Paris se contentant par exemple de dresser des procès-verbaux et d’appliquer des astreintes financières relativement faibles (500 euros par jour dans la limite de 25 000 par lieu), seul levier en leur possession en attendant une aide de l’État.
A l’inverse, la révision estivale de certains textes réglementaires a alerté plusieurs villes, puisqu’elles pourraient permettre aux dark stores d’être considérés comme des commerces comme les autres, et d’échapper ainsi aux mesures de régulation des municipalités. D’Est en Ouest, comme de droite à gauche de l’échiquier politique, les maires se sont alors mobilisés à travers une lettre envoyée à la Première Ministre pour demander une clarification au gouvernement.
Elles et ils devraient être reçus conjointement par le Ministres chargé du logement et de la ville Olivier Klein ainsi que par la Ministre déléguée au commerce et à l’artisanat Olivia Grégoire. En espérant que cette concertation permettra d’éviter la transformation de nos centres-villes en vastes espaces fantomatiques.
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