Pénélope Komitès est adjointe à la Maire de Paris en charge de l’innovation, de l’attractivité, de la Prospective Paris 2030 et de la Résilience. Nous l’avons interrogée sur le rôle de la municipalité dans le soutien aux acteurs innovants.

Quel rôle peut et doit jouer la Ville dans l’innovation urbaine et sociale ?

La question fondamentale, c’est de savoir quelles innovations on souhaite soutenir. L’idée, c’est aujourd’hui se recentrer et encourager les innovations au service de la ville plus résiliente, durable, solidaire, démocratique, citoyenne et participative. L’innovation se doit d’être au service des habitants et de s’emparer des enjeux environnementaux et sociétaux afin de proposer des solutions qui permettent de fabriquer la ville autrement. Que ce soit en termes de construction, de rénovation, de logistique, d’alimentation, de transport ou de solidarité.

C’est donc imaginer une évolution des pratiques, de la ville comme des différents opérateurs, pour répondre aux enjeux majeurs que sont ceux d’une métropole : l’eau, l’air, la pollution, les déchets, ou encore les inégalités. Il ne faut pas que ces réponses soient anxiogènes. Cette résilience doit au contraire apporter des solutions pour préparer et adapter les villes, et de manière à ce que les habitants soient en osmose avec ces adaptations, les comprennent et y participent.

Concrètement, quelles formes prend ce soutien de la part de la ville ?

D’une part, nous aidons à l’émergence, l’implantation et le développement des entreprises innovantes. Pour toutes les raisons que je viens de citer mais aussi pour tout ce que ça apporte en termes d’emploi, d’attractivité, et de visibilité de Paris au niveau international. Depuis 2014, la Ville a pu soutenir 3 000 entreprises avec à peu près 15 000 emplois créés que ce soit dans les incubateurs, les accélérateurs ou les pépinières.

Pour donner un ordre d’idée, la délégation sur l’innovation et l’attractivité représente 10 millions d’euros en fonctionnement et 7 millions en investissement, avec différentes possibilités de financement.

On soutient bien évidemment Paris&Co qui est l’alliance des incubateurs de Paris et de sa Métropole, mais aussi une quinzaine d’incubateurs comme Agoranov, Willa, la Ruche ou certains issus de grande école. On soutient notamment beaucoup Paris Biotech Santé.

On est également en train d’amorcer une refonte du dispositif Paris Innovation Amorçage, mis en place avec la BPI, pour mieux cibler les projets à impact positif en termes environnemental et social. Le dispositif permet de subventionner des start-ups qui ont moins de 3 ans de création, et il a pu amener 60 millions d’euros (dont la moitié par la ville et l’autre par la BPI) d’investissement.

Pour donner de beaux exemples de ce qu’on a incuber, il y a Doctolib qui était chez Agoranov, ou encor Ÿnsect. Nous soutenons également des fablabs au sein desquels vont être organisées des journées portes ouvertes, afin de faire découvrir aux parisiens ce que sont et à quoi servent ces fablabs, avec la volonté de les ouvrir sur leurs quartiers et de diffuser l’innovation.

Cherchez-vous à favoriser une implantation équilibrée de ces fablabs sur le territoire parisien ?

C’est effectivement une des questions sur lesquelles on travaille, mais il est difficile d’avoir une vision très claire. La catégorisation de l’INSEE ne permet pas de savoir combien de nos entreprises ont leurs sièges sociaux à Paris, ou combien ont leurs bureaux sur Paris ou en région parisienne.

On mène tout un travail avec la RIVP pour aider les jeunes pousses qui ont justement besoin d’une implantation dans des grands hôtels industriels pour potentiellement prendre leur envol. Nous allons notamment investir dans un site situé dans le 14e arrondissement pour pouvoir relocaliser des entreprises de la Biotech. C’est un travail important puisque celles-ci ont besoin de loyers raisonnables pendant une certaine période.

Les start-ups, une fois sorties d’incubation, ont besoin de lancer leur entreprise et ont encore besoin de trouver des locaux à des tarifs abordables avant de se lancer dans le grand bain trois ou quatre ans après. Il y a ensuite tout un travail à mener pour accompagner les entreprises qui sortent de ces hôtels industriels, devenus trop petits pour elles. Même si certaines partent s’implanter ailleurs en France, l’objectif est quand même de les aider à rester sur le territoire de la Métropole pour y favoriser la création d’emplois, d’attractivité et d’animation du tissu local.

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