Trafic routier et aérien, traitements chimiques industriels ou agricoles, chauffage individuel ou collectif… si toutes ces activités en croissance dans les villes depuis presque un siècle sont nécessaires au dynamisme du pays, elles ne sont bénéfiques en rien à la qualité de l’air. Entraînant la combustion de matières fossiles comme le pétrole, le gaz ou le charbon, on constate, par ces activités, l’émission de particules fines, nocives tant pour le corps humain qu’à l’encontre de la biodiversité et de la température atmosphérique.
En France, la loi Laure (Loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie) de 1996 était un premier point de vigilance de la classe politique quant à la surveillance de la qualité de l’air. En effet, les villes les plus polluées du pays, là où l’air est le moins bon à respirer, sont évidemment les 10 premières métropoles du pays, les plus peuplées. Le classement varie en fonction de l’organisme d’observation, mais en règle générale : Paris, Lyon, Marseille, Grenoble, Strasbourg, Lille, Nantes, Bordeaux, Rennes et Toulouse arrivent en tête du classement.
Depuis plusieurs années, l’Union Européenne met en place des normes à respecter quant à l’émission de particules polluant l’air. Plusieurs pays, dont la France, sont de mauvais élèves à ce sujet et sont condamnés par l’Union pour leurs manquements et leur dépassement du taux de dioxyde d’azote.
Encore une fois, les municipales sont un très bon cheval de bataille sur la question de la pollution climatique. Pour les associations d’observation et de lutte pour le maintien de la qualité de l’air, la course est à l’interpellation des candidats et à l’information des électeurs. À qui obtiendra le programme le plus en lien avec la transition énergétique….
En termes de proposition, les candidats ne manquent pas d’air !
Coup de projecteur sur…
STRASBOURG
“Situées entre les Vosges et la Forêt-Noire, avec un contexte de vents modérés, Strasbourg et son agglomération se trouvent régulièrement confrontées à des niveaux non négligeables de polluants atmosphériques”, peut-on lire sur le site internet de la métropole strasbourgeoise. 4ème au classement des villes polluées, les municipales sont, pour la ville alsacienne, le moyen d’agir concrètement afin de lutter contre les particules fines et le réchauffement de l’air.
Crédit photo ©Valdas Miskinis via Pixabay
Plusieurs points d’action sont certainement plus nécessaires que d’autres et notamment celui de la dé-congestion de l’autoroute A35 et de la rocade strasbourgeoise. Pour ce faire, les candidats sont tous d’accord pour favoriser l’extension du tram jusqu’aux villes alentours, à plus ou moins grande échelle selon les programmes. Strasbourg est aussi une ville dans laquelle les vélos circulent beaucoup, mais où, malheureusement, les pistes cyclables bien anciennes auraient volontiers besoin d’une rénovation.
Pour Strasbourg, les propositions sont multiples. Le candidat LREM Alain Fontanel adjoint du maire sortant propose de mettre en place des Zones à Faible Émission (ZFE), c’est-à-dire une zone définie où ne sont autorisés que des véhicules propres porteurs d’une vignette labellisée. Ces dernières sont de plus en plus fréquentes dans certaines métropoles et sont reconnues pour être efficaces à la réduction des émissions liées au trafic routier. Plus original pour faire respirer la ville, le candidat propose aussi la plantation d’un arbre pour chaque naissance à Strasbourg.
Pour Jeanne Barseghian, candidate pour EELV, il faut interdire les pesticides sur l’ensemble du territoire. Elle s’attaque aussi en grande pompe aux transports qu’elle veut révolutionner en construisant 15 kilomètres de piste cyclable en plus chaque année et en créant une sorte de RER urbain pour accélérer la transition.
Pour Chantal Cutajar du mouvement Citoyens engagés, la végétalisation de la ville est la solution. Selon elle, il faut “végétaliser massivement” les abords de l’A35, transformer la grande place Kléber en parc et rendre entièrement gratuits tous les transports en commun et pas seulement au cours des pics de pollution.
LA ROCHE-SUR-YON
Chef-lieu de la Vendée, la ville de La-Roche-sur-Yon habitée par plus de 50 000 habitants est elle aussi en pleine campagne. Dans celle-ci, la transition écologique n’est bien sûr pas exclue. Les cinq candidats ont eu l’occasion de débattre en direct sur un plateau télévision de divers sujets de leur campagne.
La transition fait bien sûr partie des priorités de Martine Chantecaille, tête de liste au parti écologiste. “Faire de La Roche-sur-Yon une ville protectrice face au dérèglement climatique” se concrétiserait par le projet d’îlots de fraîcheur naturelle, par la création d’une Maison de la mobilité pour trouver une alternative au déplacement individuel en voiture ainsi que par l’émergence de la “génération vélo”, selon Martine Chantecaille. La candidate défend aussi la gratuité des bus qu’elle qualifie “d’enjeu de santé publique”.
Pour Luc Bouard, maire sortant présentant une liste réunissant LR et LREM, l’heure est au bilan. Après avoir lancé un Plan d’Action pour le climat l’année dernière et développé considérablement la disponibilité de vélos de la ville, le maire actuel ne s’arrête pas là. Quant à la qualité de l’air, il souhaite aussi défendre l’augmentation des trains sur la ligne Nantes/La-Roche-sur-Yon et faire de la ville une vitrine des énergies propres et durables en proposant certains véhicules de la collectivité en autopartage. Mais pour certains “Rien n’a été fait depuis six ans. Il y a eu beaucoup de béton de mis, une piscine à 40 millions d’euros, on a écroulé les halles” exprime son adversaire sans étiquette, Raoul Mestre. Pour ce dernier, revendiquant sa liste comme composée de yonnais qui vivent et travaillent dans la ville, la gratuité des bus est indispensable.
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