Si New York n’est pas identifiée comme une cité portuaire, chaque route aboutit pourtant à la mer, et la ville, archipel d’îles connectées par des ponts et des ferries, fait belle et bien partie intégrante de l’écosystème maritime. L’urbanisation exponentielle de ces derniers siècles et la pollution de l’estuaire ont cependant fait oublier la prégnance de l’eau dans la grosse pomme, au point que new-yorkais et touristes préfèrent souvent détourner les yeux du port.
Néanmoins, depuis quelques années la pollution des eaux new-yorkaises s’améliore, et ce notamment grâce à une initiative originale et innovante : Billion Oyster Project. Dans la poursuite du Clean Water Act de 1972, qui visait à nettoyer les eaux de New York des déchets, cette expérimentation mise en place en 2014 cherche à utiliser la capacité filtrante des huîtres pour dépolluer les eaux de la ville.
L’objectif est mathématique : sachant qu’une huître peut filtrer chaque jour 50 gallons d’eau, si on en implante un milliard d’ici à 2035 sur une surface de 40 hectares dans la baie, on pourrait filtrer chaque jour 190 millions de m3 d’eau !
Le Billion Oyster Project souhaite donc implanter un maximum d’huîtres dans le port de New York. Et si les huîtres sont impropres à la consommation, l’initiative remet l’environnement maritime dans les consciences et mobilise les habitants : 80 restaurants de la ville recyclent chaque semaine leurs coquilles vides pour créer une douzaine de récifs huitriers dans la baie ; les étudiants du lycée professionnel de Governors Island apprennent l’ostréiculture et les techniques de décontamination des eaux polluées sur le territoire ; et plus de 6 000 élèves des 60 lycées de la ville viennent étudier la reproduction des huîtres dans la baie qu’ils habitent.
De quoi purifier durablement la baie ? Pas tout à fait car la marée apporte quotidiennement la pollution des océans et reprend une partie du volume d’eau purifiée. L’effet purificateur n’est durable qu’aux alentours des bancs d’huîtres. Aussi, si l’initiative Billion Oyster Projet admet des résultats admirables, seule une entreprise globale de protection et de dépollution des eaux et océans permettra de retrouver des eaux urbaines saines. Reste que l’initiative new-yorkaise inspire d’autres métropoles à l’internationale, y compris en France, où la culture de l’huître, outre un circuit de consommation, pourrait devenir une solution écologique dans la lutte contre la pollution des eaux.
Photo de couverture Charlotte Coneybeer/Unsplash