Dans le 8ème arrondissement de la Cité phocéenne, un élément architectural insolite est devenu un incontournable de la ville. Attirant chaque année plus de 60 000 visiteurs, la Cité Radieuse représente pour un bon nombre d’amoureux de l’architecture un espace de vie unique, avec lequel Le Corbusier, son architecte, a transformé au milieu du XXème siècle les codes classiques de l’habitat. Avec ses 137 mètres de long et ses 56 mètres de long, ses couleurs pop et son architecture moderniste sur pilotis, la Cité Radieuse fait aujourd’hui pleinement partie du paysage de la ville et 70 ans après sa construction continue de faire rêver visiteurs, curieux et habitants.
De la « maison du fada » à une référence architecturale contemporaine
De nombreuses villes françaises ont souffert des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. La pénurie de logements, notamment sociaux, pousse le gouvernement de l’époque, sous la tutelle du Ministre de la reconstruction Eugène Claudius Petit, à reconstruire de nombreux nouveaux quartiers. Une occasion de repenser le logement et d’améliorer ainsi les conditions de vie de millions de français.
À Marseille, deux gros projets rythment la ville. D’un côté, la reconstruction du vieux-port sous les ordres des architectes modernistes André Lecompte, Auguste Perret, Fernand Pouillon, André Devineau, promet d’améliorer la qualité de vie en centre-ville. D’un autre côté, le ministère commande la construction d’un ensemble immobilier permettant de loger un millier de personnes en bordure sud de la ville. C’est à l’architecte du moment, Le Corbusier, qu’est confié le projet. Il y voit l’opportunité de réinventer l’ensemble de logements sous forme d’une Unité d’Habitation, aux dimensions basées sur le modulor et aux ambitions uniques, reprenant les codes d’une cité jardin verticale et s’opposant aux principes du pavillonnaire.
Cinq ans après le début des travaux, la Cité Radieuse est inaugurée en 1952. Avec ses dimensions uniques et son architecture paquebot de béton, elle fait l’objet de nombreuses critiques et est surnommée pendant longtemps la « maison du fada ». Les 337 appartements sont destinés à accueillir les familles de fonctionnaires d’État et la vie de l’Unité d’Habitation commence rapidement.
En 70 ans, son architecture n’a que peu été modifiée. Le bâtiment est classé monument historique en 1986, protégeant ainsi son apparence. Il intègre en 2016 le cercle restreint des monuments inscrits au Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco. Deux distinctions qui renforcent son attractivité à la fois pour les visiteurs mais aussi pour les habitants de la Cité Radieuse. Ils sont aujourd’hui environ 1 000, mais leurs profils ont peu à peu évolué, suivant les logiques de marchés immobiliers. Les appartements disponibles au sein de l’Unité d’Habitation sont de plus en plus rares et se vendent de plus en plus cher, surtout s’ils se rapprochent des aménagements d’origines.
Habiter aujourd’hui au sein de la Cité Radieuse signifie jouir d’un cadre de vie unique, où l’architecture du Corbusier résonne étrangement avec les préoccupations actuelles de la construction de logements. Nos questionnements actuels autour des qualités d’habiter peuvent-ils trouver des réponses dans ce lieu unique, cette « machine à habiter », pensée il y a plus de 70 ans ?
Des cellules de logements aux principes de confort actuels
L’Unité d’Habitation a été réfléchi autour des principes de l’architecture moderne : le bâtiment est pensé sur pilotis dans l’optique de dégager les surfaces au sol et ainsi favoriser la plantation des RDCs ; sa structure en béton lui permet d’accueillir 337 appartements indépendants répartis sur 18 étages ; son toit terrasse un espace commun unique. L’ensemble est pensé comme un « village vertical » où les appartements s’organisent autour de 7 « rues intérieures ».
Pour Le Corbusier, le logis est « le contenant d’une famille ». Les 337 appartements ont été imaginés comme des cellules familiales répartis en 23 types différents. Chaque cellule est indépendante structurellement et est glissée dans la structure du bâtiment, les rendant bien isolées les unes des autres. Elles sont toutes préfabriquées en usine lors de la construction du bâtiment. La plus petite cellule fait 15,5 m² et la plus grande 203 m², mais c’est la cellule de 99 m² qui est la plus répandue dans l’immeuble.
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