Article publié sur Le Monde sous le titre original: « Le street artiste Blu efface toutes ses œuvres à Bologne »
 
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Près de vingt années d’interventions ont été effacés sur les murs du centre de la ville de Bologne, jusqu’à sa banlieue. MICHELE LAPINI

 

Face à la tentative de récupération, la réplique fut radicale. Alors qu’une exposition sur le street art doit débuter le 18 mars dans la ville italienne de Bologne, l’artiste urbain Blu, figure internationale du milieu, a décidé d’effacer, dans la nuit de vendredi 11 à samedi 12 mars, toute trace de son travail de cette ville, dont il est originaire. Soit près de vingt années d’interventions murales, du centre jusqu’à la banlieue.
 
L’artiste de 35 ans, qui conserve l’anonymat, reproche à cette future exposition du Palazzo Pepoli, le Musée de l’histoire de Bologne, intitulée « Street Art, Banksy & Co. L’arte allo stato urbano » (l’art à l’état urbain), autant l’esprit que la méthode. Car derrière la volonté affichée « d’engager une réflexion sur les modalités de protection, de conservation et d’accrochage en musée des expériences urbaines » se cache une approche quelque peu autoritaire : le prélèvement d’œuvres dans la rue au motif de les sauver de la dégradation.
 

« Rendre le pillage impossible »


 
Alors que Blu est annoncé comme l’une des têtes d’affiche involontaires de l’événement, qui doit présenter quelque 250 œuvres et documents racontant une autre « histoire de Bologne » et de son patrimoine, depuis quelques semaines, des techniciens ont été vus en train de détacher des graffitis dans la ville. L’affaire a suscité la controverse sur la légitimité morale et juridique d’une telle opération décidée sans le consentement des artistes, pour qui l’usure et les démolitions sont considérés comme faisant partie de la vie de ces œuvres créées pour la rue, rappelle La Repubblica.
 
Blu, qui a toujours refusé d’être interviewé par les médias traditionnels, a confié au collectif d’écrivains italien Wu Ming la tâche d’expliquer le sens de son action
spectaculaire : « Face à l’arrogance, digne d’un gouvernement colonial, de ceux qui prennent la liberté de retirer les peintures des murs, la seule chose que l’on peut faire est de les faire disparaître. Pour rendre le pillage impossible, il faut agir par soustraction », analysent ainsi les Wu Ming sur leur blog.
 
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