CUBE.S est la nouvelle déclinaison du concours CUBE 2020, portée par l’IFPEB et le CEREMA et soutenu entre autres par EDF. Les établissements scolaires qui s’inscrivent s’engagent à réduire leur consommation d’énergies pendant un an.  Afin de comprendre les effets d’un tel concours, nous avons interrogé Cédric BOREL, directeur de l’IFPEB, Fabiola LESSA VIANNA, cheffe de projet de CUBE.S, et Jean-Noël GUILLOT, directeur adjoint d’EDF Collectivités. Ils nous en disent plus !

Pourquoi CUBE.S ?

Fabiola LESSA VIANNA : CUBE.S est un concours sur les économies d’énergie entre bâtiments scolaires, au sein desquels durant un an, tous les occupants doivent agir pour réduire la consommation énergétique de ces bâtiments.

Cédric BOREL : Nous cherchons à faire naître des solutions efficaces pour les économies d’énergie, mais aussi pour améliorer le confort. Notre démarche porte sur la volonté d’une prise de conscience citoyenne, en mettant en œuvre des pistes concrètes de changement. On a donc essayé de trouver des modes de connexion plus concrets avec la population afin de ré-enchanter la transition énergétique et de la rendre accessible au grand public.

Jean-Noël GUILLOT : Les établissements scolaires représentent la moitié du patrimoine public des collectivités, autrement dit, plus de 11 000 établissements. Agir sur leur performance énergétique contribue à une maîtrise dans la durée de la dépense publique et intégrer des solutions bas-carbone permet aussi de réduire les émissions de CO₂. Ce concours porte aussi une dimension collective et collaborative particulièrement intéressante.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce besoin de ré-enchanter les démarches de transition énergétique ?

C.B. : Le programme CUBE.S est né de CUBE 2020, un dispositif conçu pour des grandes entreprises volontaires pour une stratégie d’économies d’énergie innovante. Après 4 éditions de CUBE et 670 bâtiments inscrits, certains participants qui concourraient avec leur bâtiment scolaire nous ont précisé que CUBE était inadapté à leur secteur. Avec le département des Yvelines notamment, nous avons donc développé CUBE.S, un concours adapté aux écoles, collèges et lycées.

J.-N.G. : Si l’évolution des techniques permet une amélioration significative des consommations énergétiques et des émissions de carbone, la mise en œuvre de solutions technologiques n’est pas toujours suffisante. La prise de conscience de la sobriété carbone ainsi que le partage de bonnes pratiques contribuent à une dynamique collective qui peut générer des bénéfices bien au-delà de la vie dans l’établissement scolaire. En tant que premier financeur de ce programme CEE et partenaire de l’IFPEB dans cette opération, EDF soutient cette démarche intégrée et complète.

Qu’est ce qui fait que ce type de concours fonctionne ?

F.L.V. : Il y a d’abord l’effet sablier. La compétition permet en effet de résoudre dans un temps limité les immobilismes habituels. Par ailleurs, il y a une volonté positive de faire ensemble. Et puis enfin, grâce au compteur d’énergie par bâtiment, chaque participant a un vrai retour d’informations sur ses propres économies d’énergie, ce qui permet de créer de véritables spirales positives.

C.B. : Il est très important de ne pas être seul dans la lutte contre les problèmes climatiques. Avec CUBE.S, il y a nécessairement un collectif qui se met en place. L’empowerment crée un cadre de modification positive des habitudes. Mais le seul bémol, c’est qu’au-delà du collaboratif, il y a certaines zones ou certains sujets pour lesquels on est beaucoup plus dépendants de l’infrastructure collective. S’équiper en panneaux photovoltaïques, dépendra alors du cadre, des coûts des subventions liés à cette énergie.

Dans le domaine de la construction urbaine, ne pensez-vous pas qu’avec la collaboration on pourrait faire plus d’économies d’énergie ?

C.B. : Je pense que oui, parce que le domaine de la transition énergétique est fait de petites victoires. Il faut donc les partager, aussi simples soient-elles. C’est maintenant la porosité entre ceux qui réussissent et ceux qui tentent qui est à organiser.

J.-N.G. : Comme pour les économies d’énergies, penser bas carbone implique une collaboration entre les différents acteurs et secteurs d’activités. Dans la construction ou la rénovation urbaine, cette collaboration est fondamentale tant les systèmes urbains sont interconnectés. À ce titre, l’anticipation est un facteur clé de réussite.

Est-ce que vous pensez que les grands groupes privés peuvent jouer ce rôle de support pour rassembler toutes ces initiatives ?

C.B. : Avec, le sociologue Gaëtan Brisepierre, nous avions fait l’état des lieux sociologique du concours, avec une étude intitulée Sociocube, et nous avions déterminé quelles étaient les conditions de réussites dans certaines entreprises. Certaines personnes, avec un caractère environnemental très fort, qui étaient déçues de l’état d’engagement environnemental de leur structure, ont pris à cœur de participer à CUBE. Nous les avons appelés des “transféreurs”, des personnes qui font des transferts de pratiques vertueuses entre leur domicile et leur travail.

Aujourd’hui, ces grands groupes doivent donner du pouvoir à ces personnes pour qu’en interne, elles puissent avoir les moyens de faire un changement à grande échelle.

Si l’on revient sur CUBE.S, pouvez-vous nous parler des mesures qui ont été mises en place, grâce au concours et que vous n’auriez pas imaginées au départ ?

C.B. : Parmi ces mesures, certaines furent en effet inattendues. C’est le cas des radiateurs dans les cages d’escaliers des écoles où il n’y a généralement qu’un seul émetteur de chauffage à chaque étage. Ces espaces sont donc chauffées au même niveau que les couloirs et les bureaux. Alors que finalement, on se rend compte que c’est inutile. Et cela c’est une vraie solution concrète !

Il y a plein d’idées qui ont été mises en place grâce au concours. Le plus important est que tous les participants soient d’accord pour les mettre en œuvre. Tout dépend donc de l’origine de la proposition, car si vous demandez à votre utilisateur d’appliquer telle ou telle mesure, il est possible que vous ne soyez pas bien reçu. Avec un type de démarche comme CUBE.S, on mise sur les effets de l’empowerment.

Est-ce qu’on peut aller plus loin que ce concours ? Faudrait-il compléter le concours par autre chose ?

C.B. : Le concours n’est qu’un premier pas. C’est un démarrage d’actions énergétiques concerté. Pour CUBE.S, nous sommes partenaires du Cerema, de la Caisse des dépôts et Consignations et d’autres acteurs du long terme. Quand durant un an, on a fait ce qui était facile, il nous reste à faire ce qui est difficile, et c’est là que le partenariat avec la Caisse des dépôts nous aide à aller plus loin.

J.-N.G.: En complément du programme CUBES, EDF finance d’autres programmes CEE pédagogiques comme WATTY à l’école qui couvre la dimension pédagogique pour les enseignements primaires, MOBY qui assure la promotion de l’écomobilité scolaire pour les élèves des écoles élémentaires, entres autres.

Au final, les expertises d’EDF permettent de conseiller entreprises et collectivités sur les leviers de performance énergétique et de baisse de l’empreinte carbone d’un patrimoine, de penser l’intégration des énergies renouvelables ou de travailler sur un schéma directeur de mobilité bas carbone.

Photo de couverture ©NeONBRAND via Unsplash