L’inégalité de genre en ville est-elle seulement un problème d’urbanisme ?

C’est un problème croisé ! L’urbanisme reflète notre société, il produit des interactions entre un environnement matériel, plus ou moins naturel ou construit, et les personnes qui y vivent. Au final, l’urbanisme prescrit les rôles de genre et les inégalités qui en découlent à l’aide de multiples signaux – équipements, design urbain, accessibilité, habitat, modes de transports – qui finissent par échapper à notre compréhension pour nous sembler naturels.

Il faut donc changer de point de vue, représenté majoritairement dans les colloques, conférences et au plus haut niveau de la décision publique par des urbanistes blancs de sexe masculin issu des classes supérieures, et interroger les femmes et les hommes, les personnes gays, bi ou trans, très jeunes ou très âgées, qui vivent quotidiennement dans la ville, pour leur demander comment elles et ils circulent, quelles sont les frontières à ne pas dépasser ou qui paraissent infranchissables.

C’est à travers cette méthodologie d’enquête sur les spatialités des personnes dans la ville, qu’on peut décrire des constantes, des contextes dans lesquels les femmes notamment rencontrent plus de difficultés que les hommes et se rendre ainsi compte des mécanismes qui accentuent les inégalités de genre en ville.

Quel rôle doivent jouer les villes pour garantir plus d’égalité d’occupation de l’espace public ?

Les villes sont soumises à une égalité devant l’impôt : il n’est pas normal que certains citoyens récupèrent l’investissement public et d’autres non. Si on prend l’exemple du sport, cette inégalité est flagrante : on se rend bien compte que les espaces sportifs sont majoritairement occupés par des hommes. De même, les scènes des lieux culturels subventionnés peuvent être monopolisées jusqu’à 80% par les hommes. Mais pour s’en rendre compte, il faut faire son enquête en comptant les hommes et les femmes sur scène, sur les terrains, à vélo, etc.

Bien sûr, c’est un phénomène inconscient. Les villes pensent bien agir en proposant de nouveaux équipements, considérés comme neutres. Le budget genré révèle des inégalités flagrantes et qu’il n’y a pas d’équivalence entre ce qui est investi dans des loisirs féminins et masculins. Les études réalisées sur une dizaine de villes, qui se sont prêtées à l’exercice, montrent qu’entre 70 et 80 % des investissements publics dépensés pour les loisirs des jeunes bénéficient aux garçons. Cette entrée par la ville récréative nous appelle à regarder autrement la ville et à comprendre qu’à partir de l’adolescence, par le biais de l’éducation notamment, la présence masculine est favorisée dans la ville. Les jeunes filles ne sont pas encouragées à s’approprier l’espace public, elles sortent moins librement qu’eux.

Comment alors rendre les espaces publics plus mixtes en termes de genre ?

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