Courage, exploration, découverte, aventure, dépassement de soi voire héroïsme sont associés à l’imaginaire collectivement adopté en ce qui concerne le voyage. Partir en voyage se révèle bien plus fort que du tourisme. Tels des explorateurs en herbe, nous chaussons nos bottes d’Indiana Jones, à la quête de nouvelles aventures.
Ce passage à l’acte face au besoin d’exotisme se manifeste et s’exprime de plus en plus au sein de nos sociétés et de diverses manières. Si le tourisme et le voyage en général se sont largement démocratisés au cours des deux derniers siècles, notre époque connaît une explosion du phénomène. Notamment via la démultiplication de programmes télévisés tels que “J’irai dormir chez vous”, à travers lesquels Antoine de Maximy fait profiter les téléspectateurs de son aventure d’explorateur. Arrivé dans un pays, ce dernier se lance comme défi de partir à la rencontre des locaux, de découvrir leurs lieux et modes de vie en allant dormir chez eux. Un peu plus tard, des émissions telles que “Pékin Express” ont proposé une expérience similaire à des personnes lambda.
Aujourd’hui, voyager, partir à l’aventure, explorer, rencontrer est à la portée de tous. La peur du loin s’estompe, voire incite au déplacement. Internet et les réseaux sociaux abondent de récits d’anonymes “partis en voyage”, à la recherche d’une expérience, qu’ils retranscrivent en récit tels des Marco Polo des temps modernes. Alors que signifie “partir en voyage” dans notre société actuelle ? Qu’est-ce que le voyage révèle sur nos sociétés aujourd’hui ? Et sur notre ville de demain ?
Du tourisme au voyage : cette autre manière d’expérimenter
L’origine du voyage remonte à l’Antiquité. Elle relève du domaine militaire et désigne le service mercenaire. C’est au Moyen-Âge que le terme étend son domaine de compétences aux croisades, pèlerinages, mais aussi aux expéditions marchandes. Très vite, les découvertes issues de ces déplacements poussent à l’admiration. De la découverte des mathématiques, à celle des Amériques en passant par l’importation du café, ou la découverte des lions, ces expéditions font fantasmer sur un ailleurs, un inconnu. Un danger qu’on a su dompter à force de bravoure. Le voyage est un récit.
“Le voyage vous fait et vous défait” affirmait l’écrivain voyageur Nicolas Bouvier. Au fil du temps, le voyage subit une évolution de sens, tout en conservant ses vertues d’exotisme. Il devient l’expression d’une liberté personnelle. Il devient un mode quasi-obligé de la construction de l’identité personnelle.
Le tourisme exprime une tout autre pratique. Il désigne le Tour qu’effectuent les jeunes aristocrates anglais en Europe. C’est au 18e qu’apparaissent des ouvrages spécialisés appelés à juste titre, The Grand Tour. Ces derniers indiquaient aux jeunes anglais ce qu’ils devaient voir, écrire dans leur “journey” et ce qu’ils devaient remettre à leur père après leur “travel”. Le tourisme est donc codifié et décrit un parcours défini à l’avance, planifié. Une pratique élitiste, qui se démocratise au fur et à mesure des siècles avec l’évolution de la structure socio-économique des sociétés européennes.
En somme, le voyage se distingue du tourisme par divers aspects. Selon le travail de recherche du géographe Bertrand Levy, le voyageur se distingue du touriste par sa sensibilité plus importante aux 4 et aux gens au cours de son déplacement. Il s’immerge dans la vie autochtone, abandonne tout confort et s’extrait de toutes les contraintes liées à sa vie sédentaire.
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