Quand Londres s’arme de caméras de surveillance pour mieux contrôler les violences urbaines, New York a réduit son taux d’homicides grâce à une politique judiciaire sévère. À Bogota en Colombie, le maire Enrique Peñalosa a contribué à réduire la violence menée par les trafiquants en concentrant sa politique sur la mobilité. À Medellín, c’est une politique de refondation sociale et d’équité qui a transformé la ville en seulement une décennie.

Mais face à ces politiques diversifiées, quelles sont les réponses les plus appropriées pour répondre au besoin de sécurité ? Est-il possible de prévenir l’insécurité en développant des alternatives à la répression ? L’état d’urgence mis en place depuis les attentats de Paris a transformé la ville, où la force est devenue maîtresse pour maintenir l’ordre. N’est-il pas temps de proposer une ville apaisée et équitable pour diminuer les violences urbaines ? Comment assurer à la fois sécurité et liberté aux citadins, tout en maintenant une urbanité optimale ?

Des mesures répressives qui posent question

Afin de tendre vers une ville plus apaisée, de très nombreuses villes ont ces dernières années, choisi de mettre en place des aménagements empêchant aux malfaiteurs de trouver un contexte propice à leurs méfaits. Ainsi, de nombreux concepteurs d’espaces publics ont pris soin d’éviter de laisser des coins isolés ou sombres qui pourraient servir d’embuscade. C’est ce que l’on appelle des aménagements de prévention situationnelle. Mais ce concept peut également viser un certain type de population. Par exemple, le mobilier urbain anti-SDF, quelle qu’en soit la forme, continue de se répandre dans les moindres espaces urbains. Les petites pièces métalliques vissées contre les rampes pratiquées par les skateurs semblent également être en vogue… Autrement appelé « urbanisme sécuritaire », le principe d’éviter à certaines personnes d’accéder à des espaces publics précis peut surtout poser de vrais problèmes de liberté.

A ce propos, après l’appel de la fondation Abbé Pierre contre l’usage du mobilier urbain, une pétition a été lancée dans le but d’interdire ces aménagements parfois douteux. L’installation d’une douche à l’entrée d’un parking pour repousser les SDF est-elle vraiment utile, et rend-elle vraiment la ville plus accueillante ? L’installation de bancs monoplaces dans le métro ou de pics au pieds des fenêtres peut-elle vraiment résoudre la situation des personnes qui vivent dans la rue ? Sans parler de tous les autres citoyens qui souhaiteraient profiter pacifiquement de la rue…


Les dispositifs anti-sdf se développent dans de plus en plus d’espaces publics

En matière de prévention des risques, la ville de Londres a mis en place un système de caméras de surveillance dans les rues de la capitale afin de pouvoir observer les faits et gestes de chaque passant. Bien entendu, ces caméras ne sont pas stigmatisantes vis-à-vis de telle ou telle population, mais soulèvent toutefois de lourdes questions éthiques quant à la liberté individuelle des citadins. Qu’elle fonctionne ou non, cette méthode est elle aussi considérée comme une mesure répressive dans la mesure où elle semble s’infiltrer dans la vie personnelle des piétons. Mais alors est-il possible de sécuriser une ville sans pour autant entraver la liberté et la santé des habitants ?
Installées dans les années 90, suite à des attentats de l’Armée républicaine irlandaise, les caméras sont omniprésentes à Londres.


Installées dans les années 90, suite à des attentats de l’Armée républicaine irlandaise, les caméras sont omniprésentes à Londres

La sécurité par l’aménagement, ou le concept de Security by design

La ville se barricade et fait preuve de plus d’agressivité à mesure que les altercations se multiplient. Le risque est d’accentuer le clivage entre forces de l’ordre et les citoyens. Pour éviter cela, un aménagement adapté et rassurant des espaces urbains est un premier pas pour enrayer les éventuelles menaces. Cela est surtout concevable dans des espaces « cibles », c’est-à-dire plus exposés aux potentielles attaques à cause de leur symbolique ou leur fréquentation. Cette approche, désignée par le concept de Security by design, est d’apporter une réflexion sur l’intégration de dispositifs de prévention des risques en ville.

Cette conception propose différentes idées aux aménageurs urbains. Par exemple en choisissant d’installer une borne Vélib’ entre la chaussée et le bâtiment sensible, une voiture aura plus de difficulté à s’engager sur le trottoir en direction des piétons ou bien du bâtiment lui-même. Cela permet ainsi d’augmenter discrètement la protection des personnes, en proposant un aménagement utile. De la même manière, l’élévation du niveau des trottoirs par rapport à la chaussée est également une alternative face au risque de voiture-bélier.


Le Security by design propose d’intégrer le mobilier urbain, comme l’installation de bornes de Velib’, dans une logique de sécurité

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Image en couverture : Women look at security cameras photo by Matthew Henry (@matthewhenry) on Unsplash