Dans le cadre de « Carte Blanche », le concours national de cartographie initié par le Premier ministre et le ministère de l’Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales, Lumières de la ville s’associe au CGET pour contribuer à l’inspiration de tous les participants. Chaque semaine, jusqu’au 23 décembre, date de fin du concours, Lumières de la ville proposera les plus belles cartes artistiques qui renouvellent notre imaginaire territorial.
Le concours Carte Blanche est ouvert à tous. Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site dédié.
Trois designers allemands ont eu l’année dernière, l’idée d’élaborer une carte interactive prouvant que « toutes les routes mènent bien à Rome ». Leur travail cartographique ne s’est pas arrêté là. Il a dépassé largement les frontières de l’Italie, illustrant l’idée que tous les chemins mènent à … de nombreuses Rome(s) à travers le monde.
Un célèbre adage
L’expression « tous les chemins mènent à Rome » pourrait avoir deux significations. Vraisemblablement écrit par Alain Lille au XIIe siècle, dans une acceptation chrétienne, elle pourrait faire allusion au Dieu chrétien au travers de la métaphore de la cité papale. Autrement dit : « Les cœurs cherchant le Seigneur trouveront toujours une route les menant jusqu’à lui ». L’autre interprétation possible, bien plus littérale, fait référence au très étendu réseau routier de l’Empire romain, jalonné de bornes milliaires. A Rome, la plaque du Milliaire d’or représente le point zéro, le point de référence à partir duquel les distances des principales villes de l’empire sont calculées.
La table d’orientation, l’ « ancêtre » du plan de métro
La table de Peutinger, ou table théologienne, découverte en 1494 est vraisemblablement une copie d’un document réalisé avant l’an 350, comparable aux cartes routières dans son usage et aux plans de métro dans sa forme. Représentation symbolique d’un territoire étiré et aplati, cette carte montre la totalité de l’Empire romain, le Proche-Orient et l’Inde. Les 11 parchemins assemblés en une bande longue de 6,82m dessinent des trajets, informent des distances à parcourir et des croisements de voies, sans tenir compte de l’échelle ni de la topographie des lieux. Sur cette carte, toutes les routes de la langue de terre centrale mènent bien à Rome !
Extrait de la table de Peutinger portant Rome au centre[/caption]
La carte interactive d’Europe « Roads to Rome »
Près de 1700 ans plus tard, le blog « moovellab » publie, une nouvelle fois donc, la « preuve » cartographique de cette légendaire expression. A partir de 485 000 points de départ fictifs, couvrant une surface de 26 millions de km² sur toute l’Europe, les designers ont établi un algorithme capable de tracer le parcours le plus rapide pour parvenir à Rome. Près de 500 000 routes arrivent jusqu’à la ville aux sept collines. Plus elles sont empruntées, plus le trait noir, sur la carte, est épais, mettant en valeur les routes principales et secondaires du réseau routier.
Les routes d’Europe menant à Rome
©moovellab[/caption]
Vous pouvez également jet un œil à la carte interactive que vous trouverez sur ce lien !
Forts de cette démonstration, les designers ont appliquer cette méthode à de nombreux autres continents et pays afin de révéler une forme d’attractivité des capitales des Etats en l’illustrant par le dessin du réseau viaire. La question qu’ils ont ainsi posé est la suivante : quel territoire correspond au temps de transit le plus court pour rejoindre une capitale ?
La correspondance entre les « bassins de desserte » et les limites administratives des Etats américains est saisissante.
Les « bassins d’accès » de chaque capitale d’Etat aux Etats-Unis
©moovellab[/caption]
Les « bassins d’accès » des capitales européennes
©moovellab[/caption]
En Europe, la correspondance est moins évidente. On reconnait aisément certains pays comme la Turquie, la Grèce, le Danemark ou le Royaume-Uni. C’est moins flagrant pour les pays d’Europe central, l’Allemagne, la Suisse ou encore l’Italie, les micro-Etats comme le Lichtenstein, Monaco ou le Vatican venant « perturbé » notre vision westphalienne classique.
Enfin, à l’échelle d’un Etat, les trois designers ont cherché à vérifier si leur algorithme révélait la structure « politique » d’un pays. Ainsi, la carte réalisée sur la France illustre de façon évidente son histoire jacobine, révélant la convergence de l’ensemble des routes de l’hexagone vers Paris.
Ainsi, si on pose la question « quel est le chemin le plus rapide pour Rome ? », toutes les routes mènent à Rome. La même réponse vaudrait pour Paris.
Le « bassin d’accès » de Paris: la France
©moovellab[/caption]
Si ces réalisations vous inspirent et que vous souhaitez vous aussi tenter votre chance au concours Carte Blanche, le concours national de cartographie, allez faire un tour sur le site du concours, par ici.