Une politique de la ville en pleine mutation
En France, les inégalités sociales sont souvent synonymes d’inégalités urbaines. Or depuis les années 80, la politique de la ville agit pour réduire ces dernières. Dans un premier temps, l’approche était essentiellement axée sur la transformation urbaine des grands ensembles d’habitat, devenus pour la plupart insalubres et malgré eux, l’emblème de la stigmatisation dont peuvent souffrir la population de ces quartiers dits prioritaires. L’une des premières approches a donc été centrée sur le remodelage des cités, notamment par une volonté de désenclavement de ces lieux de vie, souvent fermés sur eux-mêmes. Excentrés, ils concentrent des difficultés de mobilité pour les habitants, y compris du point de vue résidentiel. Il est donc nécessaire de créer une mixité sociale avec une diversification de l’offre de logements dans les nouvelles constructions.
L’ANRU, Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine, est ainsi missionnée depuis 2003 en ce sens, étant “chargée de piloter et de financer le Programme National de Rénovation Urbaine (PNRU)”. Après de nombreuses interventions, la démarche questionne. Parfois, la seule rénovation urbaine ne suffit pas à transformer durablement les quartiers. En 2014, afin de pallier ce constat, un Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) est lancé, toujours piloté par l’ANRU. Une autre approche se dessine. Les projets urbains se complexifient avec une dynamique enclenchée qui dépasse la simple mutation architecturale des bâtiments.
Car ces quartiers prioritaires sont aussi en besoin de revitalisation, pour la création d’un cadre de vie appropriable par les habitants, afin de faire émerger leur créativité et mettre en valeur leur richesse culturelle. En cela, les enjeux se rapprochent d’espaces dévitalisés et délaissés, ces lieux en transition urbaine à réinvestir, à se réapproprier et à réinventer.
En parallèle, les préoccupations environnementales se renforcent, menant à une nouvelle vision de l’aménagement favorisant le renouvellement urbain pour permettre la préservation des terres naturelles et agricoles. On assiste à une densification grâce à des projets urbains réinvestissant les dents creuses des villes et la reconversion d’anciennes friches urbaines. Les territoires délaissés sont revalorisés, les bâtiments vacants sont réinvestis. Et quelques fois, l’urbanisme transitoire accompagne cette mutation urbaine impliquant une importante transformation des fonctions et des usages. Une occupation passagère qui a pour objectif d’initier le changement, par une démarche mettant au centre de son action l’expérimentation et le temporaire, inscrits dans un temps long pour changer le visage des lieux, préfigurer les futurs usages et faciliter l’appropriation à venir.
Un des projets d’urbanisme transitoire menés par Yes we camp à Aubervilliers via flickr
La naissance d’un intérêt pour le transitoire
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