Acrobates et stégophiles font connaître les toits des villes et leur paysage urbain particulier en partageant leur plus belles photos sur les réseaux sociaux. Leur renommée et leurs vidéos favorisent l’attrait de ces espaces encore peu habités jusqu’alors. Pourtant, l’utilisation des toits comme espace de vie ne date pas d’hier. Mais aujourd’hui, on assiste à une véritable démocratisation d’aménagements suspendus. Entre logements, équipements, lieux de passage, jardins, activités sportives ou de loisirs, les toits deviennent la canopée des villes.



C’est depuis les années 20 que les architectes revendiquent l’aménagement des toits et des terasses, se dirigeant ainsi vers des espaces collectifs plutôt que privés. Parmi ces transformations émergent des activités touristiques avec la fameuse promenade de la casa Milà qui s’agence à l’architecture de Gaudi et propose des galeries d’art à ciel ouvert. De même, naissent des activités de loisirs comme l’atteste encore aujourd’hui l’héritage des toits jardins des théâtres New Yorkais, mais aussi des jardins horticulture, des oasis développés à partir de l’urbanisme hygiéniste puis fonctionnaliste des années 60-70.



La promenade aérienne de la Casa Milà, ©Lucie Da Costa Casals



En réponse à l’étalement urbain et avec la prise de conscience écologique, les jardins des grands ensembles se poursuivent, mais avec l’hybridation des bâtiments entre les atouts des immeubles collectifs qui permettent la proximité des aménités de la ville et les avantages de la maison, telle que la présence d’air et de verdure. L’agriculture urbaine se développe et le toit terrasse devient une surface indispensable à reconquérir pour une ville plus dense et plus verte.



Sur les toits, les fonctions se diversifient aussi et donnent une tout autre image aux hauteurs des villes. Offrant de nouveaux “territoires” à urbaniser, cette strate supérieure des villes se transforme en un écosystème accessible, multifonctionnel et à part entière. Des balades urbaines végétalisées émergent un peu partout comme la coulée verte à Paris, la High Line à New York ou la promenade plantée à Séoul. En parallèle, se développe des équipements en hauteur, comme c’est le cas du projet de cours d’école proposé par le cabinet japonais Tezuka Architects. Exemple encore plus prenant, celui de la revalorisation de la Friche la Belle de Mai à Marseille qui permet l’accueil 1 500 personnes ! Des activités comme des DJ sets, des séances de cinéma ou des jeux pour enfants s’articulent sur 8 000 m² créant ainsi un véritable espace public aérien.



Mais pour certains, les toits restent les derniers espaces isolés offrant un refuge aux habitants face au dynamisme grandissant des villes. Cette idée se matérialise avec un projet de cabanes, “HuTTe urbaine”, en Grèce, par opposition aux huttes forestières isolées dans la nature, vouées à disparaître face à un environnement naturel de plus en plus rare. Les architectes pensent que les toits deviendront les derniers hâvre de paix.



Alors, qu’adviendra t-il des villes toitures ? Optimiserons-nous ces espaces pour créer un écosystème qui embrasse le ciel ou resteront-ils des espaces hors du temps permettant aux citadins de se ressourcer ?




Conception d’une HuTTe urbaine pour se calfeutrer à la surface des villes grecs, ©Dragonas Christopoulou Architects



Pour en savoir plus, nous vous conseillons fortement de vous référer à l’ouvrage passionnant “Habiter les Toits par Olivier Darmon, journaliste et auteur d’ouvrages documentaires. Ce dernier fait un historique et inventaire de l’utilisation des toits dans les villes avec de nombreux projets illustrés !



Photo de couverture : Toit à Slough, Royaume Uni, ©Simone Hutsch via unsplash