Avec pour modèle la ville portuaire polonaise de Gdansk, une nouvelle façon de représenter l’espace urbain a vu le jour. La technique utilisée par Karolina Mioduszewsk semble bien binaire. Noir et blanc, blanc et noir, beige et blanc, ombre et lumière… Les teintes variées et les jeux de lumières utilisés permettent un premier contraste.
La deuxième opposition se fait dans le matériau de l’œuvre. Papier épais, façon carton pochoir, le dessin prend forme par soustraction, grâce aux trous et au fond du tableau faisant ressortir les formes géométriques que permet le découpage minutieux de l’artiste dans la matière. La ville s’anime alors sur la toile.
Le dernier contraste est celui du sujet observé et représenté. Comment une ville portuaire, avec son port de commerce, ses grues et ses containers peut-elle, tout à coup, devenir si séduisante ? C’est là que réside la technique artistique : elle réside ici dans le fait de simplifier ou d’embellir une réalité en apparence moins chantante. Ce qui pourrait nous apparaître comme moins enchanteur dans certains quartiers de la ville, seule une silhouette vient le résumer. Le paysage devient alors égal à une ville en plein soleil, dont on ne percevrait que l’ombre projetée au sol.
L’idée intéressante dans cette représentation de la ville pourrait être celle de la confusion qui s’opère entre les opacités. L’artiste incluant dans son découpage, la mer ou les nuages, brouille nos repères. Le ciel est aussi noir que les immeubles… Ferait-il nuit ?
À travers cette galerie, la talentueuse artiste polonaise Karolina Mioduszewsk livre des consignes de lecture de ses œuvres : « il n’y a pas de gravité, il n’y a pas de règles et le temps n’existe pas. » Dans sa série noire, il faut imaginer le soleil se coucher et les fenêtres des bâtiments qui d’un seul coup s’allument. Dans sa série blanche, on peut rêver d’une ville se levant à l’aube, dont les tours ne vont pas tarder à s’allumer. Laissons-nous rêver à des villes découpées, où le jour et la nuit seraient les seuls facteurs de changement.
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Toutes les photos ont été utilisées avec l’aimable autorisation de ©Karolina Mioduszewsk