On le sait, l’art a toujours été un moyen fort pour dénoncer. Dénoncer des persécutions. Dénoncer des atrocités. Dénoncer des injustices. Le monde aujourd’hui et en particulier l’Europe fait face à une crise migratoire. Quel rôle peut jouer l’art dans les réflexions sur l’attitude à avoir face à ces bouleversements ? Peut-il faire changer les choses ? Nous pensons que oui. L’art et la culture dans sa globalité permettent de rassembler et d’unir.

En cela, nous vous proposons quelques oeuvres artistiques qui poussent à réfléchir autrement et à nous remettre en question.

 

Itinéraires Intérieurs par Bruno Fert

Et si l’art nous apportait ce que les médias ne nous offrent pas ? Migrants, réfugiés, ces termes génériques font perdre l’identité de ces hommes et femmes. Et oui, car nous parlons bien ici d’HUMAINS. Les images des migrants déambulant dans les allées boueuses, ses silhouettes sans visages trop souvent diffusées à la télé, nous font perdre de vue l’unicité de ces personnes déracinées. C’est de ce constat qu’est né le projet du photographe Bruno Fert : Itinéraires Intérieurs. Ne réduisons plus ces individus à leur état actuel mais à ce qu’ils sont : des commerçants, des enfants, femmes et hommes, ayant chacun leur tradition et leur personnalité. Le photographe explique son projet en ces mots : « Ces clichés disent l’étonnante capacité de l’humain, qu’il soit nomade ou sédentaire, à habiter le lieu où il vit, même pour un temps court, même une cabane ou une tente de Calais. » On vous laisse juges.

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La Loi du Voyage par Ai WeiWei

L’artiste dissident chinois Ai Weiwei n’est plus à présenter. En quelques années, il est devenu le symbole du lien fort entre l’art et les migrations. On se souvient entre autres de l’installation de bateaux de sauvetage sur le Palais Strozzi de Florence ou encore tout récemment de l’installation de plus de 6000 gilets de sauvetage dans l’encadrement des fenêtres du Kunsthal Charlottenborg à Copenhague. Cette fois-ci c’est à Prague que l’artiste a posé ses valises pour réaliser une oeuvre toujours plus magistral sur le sort réservé aux migrants et sur l’inaction des pays européens face à ce drame. Un canot de 70 mètres de long a été exposé à la Galerie Nationale. À son bord, 258 réfugiés sont entassés. Dans un message adressé à l’AFP il déclare : « Nous voyons les gens victimes de la guerre, les gens qui tentent  désespérément de retrouver un endroit paisible. Si nous ne les acceptons pas, le vrai défi et la vraie crise ne reposeront pas sur les gens qui ressentent la douleur mais sur ceux qui refusent de le reconnaître ou qui font semblant que  cela n’existe pas ». Une fois de plus, le message est clair : ne fermons plus les yeux.

 

 

 

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Moving People par Power of Art House

« À l’heure actuelle, il y a plus de 60 millions de réfugiés dans le monde entier. Plus de 60 millions de personnes qui fuient la guerre, la violence et l’oppression. Plus de 60 millions d’histoires. ». C’est en ces mots que le collectif Power of Art House décrit la crise migratoire que nous connaissons aujourd’hui. Afin de redonner de la dignité à toutes ces personnes obligées de fuir, ils tentent d’établir des liens entre ces nouveaux arrivants et les populations locales en montrant toute la souffrance qui se cache derrière ces hommes et femmes qui fuient des ignobles réalités.

Pour cela, un projet de guérilla urbaine a été organisé dans les rues d’Amsterdam et de La Haye aux Pays-Bas. Des milliers de figurines miniatures ont été parsemés dans plusieurs espaces de ces deux villes : sur les bancs, dans les gares, les centres commerciaux ou encore dans les bureaux. C’est désormais sur les réseaux sociaux que tout se passe puisque de nombreuses photos, plus belles les unes que les autres, fleurissent çà et là.

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Crédit Photo : Power of Art House

Another Day Lost par Issam Kourbaj

Issam Kourbaj, artiste né en Syrie et désormais basé au Royaume-Uni, nous dévoile une série d’installations sur cinq sites, inspirés et basés sur la crise des réfugiés syriens : Another Day Lost. C’est à partir de déchets en tout genre (emballages de médicaments, boîtes d’allumettes…) que l’artiste a recré des campements. Le campement miniature est encerclé par des allumettes jouant le rôle de clôture. Ces allumettes ont une symbolique extrêmement forte. Le premier jour 1579 allumettes étreignent l’installation. Au bout de deux semaines, le chiffre passe à 1593. Dans quel but me direz-vous ? En réalité, chaque allumette représente une journée perdue depuis le début de l’insurrection syrienne. De ce fait, chaque jour, une allumette est brulée et ajoutée à l’oeuvre…

Installés sur 5 sites différents, tous dispersés autour de Londres, ils reflètent les positions géographiques des campements de réfugiés autour de la Syrie. Ainsi, les installations du Goethe Institut et de l’église Saint-James à Piccadilly concernent les emplacements des camps situés le long de la frontière sud de la Syrie, Central Books à East London avec les villes du nord de l’Irak,  10 Golborne Road représente le Liban et Heath Street Church, à Hampstead, reprends l’emplacement des camps en Turquie.