De multiples questions se posent sur l’avenir de la mobilité. Au-delà de la pollution et de la congestion, comment rendre la mobilité plus inclusive ? De plus, dans la cas du péage urbain, comment les automobilistes vont-ils vivre le passage d’une circulation gratuite à une circulation payante ? Ainsi, pour compléter le schéma d’une mobilité complète et souhaitable, discutons des mesures qui lui permettront de répondre aux besoins de tous.

Il s’agira de prévoir des alternatives à la voiture et de prendre en compte les citoyens dont l’usage du véhicule est indispensable, que ce soit pour des raisons d’accessibilité ou tout pour des raisons financières concernant des personnes en situation de précarité. Pour une mobilité du futur optimale, ne devrait-on pas associer autoroutes, micro-mobilités et transports publics ? Ces différentes mobilités ne peuvent-elles pas être complémentaires tout en restant propre et efficace ?

L’espoir d’une révolution qui repose sur le péage urbain et la micro-mobilité

Comme évoqué, la Loi Mobilité mise sur une fluidité de la circulation sur les autoroutes avec la suppression des péages autoroutiers. Cette mesure permettra un gain de temps, une diminution des émissions de pollution et des accidents de la route qu’entraînent les ralentissements à répétition. À condition que les tarifs n’augmentent pas pour les usagers, cette mesure semble être plutôt bien adaptée, quoiqu’on puisse aller plus loin et se poser des questions sur l’utilisation des retombées financières de ces taxes.

En parallèle, vous avez sûrement remarqué la multiplication et la diversification des mobilités individuelles en centre urbain des grandes villes : trottinettes électriques, overboards, gyropodes,  mobilités en free-floating… Le développement de ces micro-mobilités a explosé ces dernières années de manière archaïque sans pour autant se suivre par des règles spécifiques de circulation. Résultat, elles affluent sur les routes comme sur les trottoirs. Pour remédier à cela, la Ministre des transports a annoncé qu’une nouvelle catégorie de véhicule figurera dans le code de la route. Les appareils de mobilité dit « personnel », jugé trop rapide, trouveront leur place sur les routes et les bandes cyclables.

Une bonne avancée pour les piétons qui pourront circuler plus librement. On constate une attention particulière aux modes de micro-mobilité qui, s’ils facilitent les déplacements dans certains cas, ne permettent pas de répondre à tous les besoins.

Alors, effet de mode ou un appui des pouvoirs publics pour le développement de ces mobilités, qui reposent souvent sur l’économie de marché, au détriment du développement des transports en commun et publics ?

Investir dans les mobilités traditionnelles ?

Et si pour ne léser personne, le plan mobilité gagnerait à inciter les municipalités à investir dans les mobilités plus « traditionnelles » ?  En effet, elle sont peu émettrices de pollution et avantageuse en termes de capacité d’usagers. Cependant, ces mobilités ne sont pas toujours les plus modernes et les infrastructures mériteraient un entretien plus régulier pour un service plus efficace. De même, le report des automobilistes sur les transports publics entraînera des augmentations d’usagers sur les lignes, ce qui nécessite donc de resserrer les fréquences de passage pour alléger les trains et maintenir un service de même qualité.

Parmi les autres mobilités dites « traditionnelles », le piéton gagne une bataille puisque beaucoup de mesures aujourd’hui visent à lui donner davantage de place et les trottoirs lui sont réservés. On voit d’ailleurs que les nouvelles mobilités seront bientôt confrontées aux rejets des piétons, et potentiellement limitées pour éviter tout débordement sur les trottoirs. Les engins personnels ne seront d’ailleurs très prochainement plus autorisés à circuler sur les trottoirs. 

La question de l’accessibilité inclusive touche les individus en situation de mobilité réduite. Sachant que le handicap se corrèle souvent à une certaine précarité, il est d’autant plus important de mettre l’accent sur cette catégorie de la population. Parmi eux, les personnes en situation de handicap, les personnes âgées et les enfants. Pourtant, un des défis contemporains est de rendre accessible les transports publics qui restent encore souvent difficile d’accès, voire absent. N’ayant pas de directives imposant l’installation d’infrastructures facilitant l’accès de ces personnes, il est difficile de prédire si les PMR seront encore désavantagés par cette loi. 

L’intermodalité renforcée et la gratuité pour les mobilités de demain ? 

Selon les usages et les contraintes de chacun, il semble nécessaire de développer chaque mobilité de façon adaptée aux besoins réels. Pour répondre à un souci de réduction de la pollution et des congestions tout en restant inclusif, il semble indispensable de miser sur l’utilisation de divers modes de déplacement lors d’un même trajet. Pour cela, il est nécessaire de faciliter le changement de mobilité, ce qui passe par un traitement particulier de l’accessibilité des modes de transport et leur connexion. Mais comment maintenir un réseau de transport en commun performant tout en les reliant avec les nouvelles mobilités individuelles et l’usage de l’automobile ?

Pour les longues distances domicile-transport en commun en périphérie, le recours à la voiture individuelle reste indispensable pour les usagers. Cependant, il existe des solutions qui permettre de rabattre vers des transports plus durables ces mobilités, avec notamment le principe de park and ride qui consiste à proposer aux conducteurs des places de parkings à proximité des transports en commun permettant aux voyageurs qui se rendent au centre-ville de laisser leur voiture et de prendre le bus, le métro ou le train.

Une intermodalité aussi possible pour les vélos avec les parkings à vélos à proximité des gares, comme par exemple à Amsterdam, Copenhague, Genève ou encore Grenoble. D’ailleurs, à Bordeaux, le tramway réserve une partie d’un wagon aux vélos, ce qui permet de palier à une offre de transport limitée dans un périmètre relativement restreint. Ainsi, cela facilite la vie des cyclistes qui n’ont alors  pas à laisser leur bicyclette dans un parc à vélo.

Le déploiement massif et systématique de tels dispositifs favoriserait l’utilisation du vélo et des transports publics. Il pourrait s’étendre à d’autres villes et inclure les autres modes de micro-mobilité. Toutefois, il se limite à des distances relativement courtes entre le domicile et les transports en commun à disposition, de l’ordre de 20 mn à vélo. 

Dans un mode de plus en plus technologique, le numérique a beaucoup aidé à répondre le plus exactement possible aux besoins de chacun et à permettre l’information nécessaire pour le développement de l’intermodalité. Le concept de « mobilité comme service » (MaaS, mobility as a service en anglais) pourrait ainsi améliorer l’offre de service public. L’enjeu est de concilier le service public à la technologie pour ne plus séparer les mobilités à la demande des transports publics.

Le numérique a aussi grandement facilité le principe du covoiturage, qui dans le cas où la voiture est contrainte, est un des recours davantage durable pour une mobilité en voiture individuelle. Un élément bien pris en compte dans la nouvelle loi et qui se développe aussi par le biais de différentes plateformes, toujours plus diversifiées. 

Une autre possibilité serait de reproposer des aides à l’achat de véhicules plus propres comme la voiture électrique ou la voiture autonome qui feront exception aux taxes de congestion ou des péages urbains comme à Milan. D’ailleurs, la ville italienne a mis en place un pass de gratuité pour les personnes précaires afin d’éviter d’exclure du centre urbain les personnes ayant peu de revenus. 

La question de la gratuité des transports se pose toujours dans différentes villes, avec une multiplication des expérimentations en France, de Châteauroux à Niort. Des mesures qui ne font pas l’unanimité mais qui vise à faire de la mobilité un droit pour tous. Peut-être est-ce ainsi que nous pourront envisager de transformer la mobilité ? En proposant un système qui permettent à tous d’y avoir accès et qui pense ce système complexe dans sa globalité, pour des villes toujours plus inclusives, mais aussi moins polluées et mieux desservies.