Cette opération lancée en 2020 s’élève à près de 3 milliards de dollars et sera achevée en 2024, lors du soixante-quinzième anniversaire de l’Indépendance du pays.

Le quartier ciblé est constitué de nombreux bâtiments administratifs, du palais présidentiel et de certains des lieux culturels les plus importants de l’Inde. Construite en 1911 pour devenir une nouvelle capitale, elle est la marque du colonialisme de l’empire britannique sur l’Inde. C’est un patrimoine important que le projet Central Vista va détruire, pour faire place à la modernité. 
L’objectif est, en effet, de raser certains bâtiments historiques pour en construire d’autres, plus vastes, dont le futur Parlement et la nouvelle résidence du Premier Ministre. 

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The triangular Parliament building © India Legal Live Surajit Dey /Wikipédia

La construction de New Delhi est liée à la mémoire d’une époque douloureuse de soumission des indiens envers les colonisateurs européens. Cela faisant partie de l’histoire du pays, cette architecture occidentale pourrait être considérée avant tout comme un rappel de la force et de la liberté du peuple indien.

Ces futures transformations divisent donc l’opinion du peuple, car pour certains “construire le futur” reviendrait à effacer les marques du passé et de toute une culture. C’est ce qui est arrivé à la capitale de l’État du Gujarat dans les années 2000 lorsqu’elle a été l’objet de rénovations drastiques qui avaient exclu la moitié de la population musulmane d’Ahmedabad. Plus de 300 000 personnes ont été obligées de se réfugier vers les périphéries. Comme le mentionne le journal Usbek & Rica, la “refonte du quartier central de New Delhi participe de la même logique de destruction sélective de l’héritage culturel indien”.

Narendra Modi est donc accusé d’effacer le passé historique des populations opposantes. L’architecture, les façades des monuments emblématiques contribuent à l’identité de New Delhi. Il serait dommage de détruire des bouts d’histoire pour des raisons politiques et de propagande.

Crédit photo de couverture ©Ravi Sharma via Unsplash