Une discrétion qui prend source dans un contexte historique

L’absence de noms féminins, de mise en valeur de personnages historiques féminins qui ont pu marqué l’histoire, reflète une histoire où la société ne mettaient pas en valeur le destin de certaines femmes. Cela était très largement explicable par le simple fait qu’auparavant peu d’entre-elles étaient acceptées dans des positions reconnues (politique, culturel, militaire, sciences…). Alors qu’on remarque beaucoup de statues à l’effigie de militaires, d’hommes politiques, d’écrivains, les femmes elles ne sont que présentées de manière anonyme en décoration de certaines façades. Pourtant, il y a quand même quelques exceptions, souvent des symboles plus que des personnalités, comme Jeanne d’Arc, ou des femmes artistes, à l’image de Sarah Bernhardt, Georges Sand ou Edith Piaf.

C’est d’ailleurs après la seconde guerre mondiale, avec la résistance notamment, que c’est effectué un tournant. Les femmes ont participé à la lutte et ont ainsi été reconnues comme “héroïnes” par l’Etat français. De très nombreuses écoles ont alors pris le nom de Lucie Aubrac, Yvonne Moreau, Rose Grison, et d’autres nombreuses résistantes.

Qu’en est-il dans d’autres pays ?

La France est un élève moyen dans la représentation des femmes en politique. Si l’ensemble des pays de l’OCDE sont en dessous des 50%, les pays Scandinaves et l’Espagne sont les pays qui ont la meilleure parité (au dessus de 40% de femmes représenté au parlement), tandis que par exemple, le Japon et la Hongrie sont bons derniers avec moins de 10%. La valorisation du matrimoine et des femmes en général est donc issu d’un contexte culturel propre à chaque pays.

Quant aux villes, à Paris, par exemple, seulement 5% des rues portent le nom de femmes. Un écart que la Mairie tente de réduire. Depuis 2011, elle a ainsi nommé 140 rues avec un nom féminin. Il en va de même pour les transports en commun, avec un métro où seulement trois stations portent un nom féminin. Cependant, des initiatives cherchent à changer la donne, avec le tram T3b a ainsi nommé sur 13 stations, 7 d’entre-elles avec le nom d’une femme. Pour les prochaines stations du Grand Paris, cette démarche est également en cours, avec des stations qui rendront hommage à des personnages féminins. Récemment d’ailleurs, la station Europe a été rebaptisée Europe – Simone Veil, en hommage à la première présidente du Parlement européen.


©Ville de Paris

La reconnaissance de cet héritage des “mères” avance, mais à son rythme, sachant qu’il faudra encore de nombreuses années pour créer une parité, les espaces des villes étant déjà tous dans l’ensemble constitué. Le changement se fera alors par petites touches, nom par nom, hommage par hommage, afin de créer progressivement un équilibre dans les représentations.

Faire de la ville un lieu de la représentation féminine

De plus en plus d’associations, mais aussi de villes, se saisissent néanmoins de la question en valorisant la mémoire des femmes par des actions culturelles. Il ne s’agit là pas de renommer des rues, mais de valoriser l’héritage des femmes en le racontant et en le dévoilant aux habitants. .

L’association Mouvement HF – Île-de-France organise chaque année Les Journées du Matrimoine. Il s’agit lors des journées du Patrimoine, de mettre en valeur l’histoire de femmes qui ont marqué l’histoire culturelle. Elle propose aussi d’associer collectivités publiques, institutions culturelles, équipes artistiques, acteurs et actrices de la société civile pour aider à l’organisation de ces Journées du Matrimoine, avec conférences, expositions, spectacles, visites…

En Janvier 2018, un guide de Paris centré sur les femmes est également sorti après avoir été financé sur Ulule. Nommé La Guide de Voyage : Paris, il propose des balades parisiennes à la découverte des destins des femmes célèbres et anonymes, du passé et du présent, qui ont fait et font Paris. D’ailleurs de plus en plus de balades urbaines mettent également en valeur l’histoire de femmes, sortant des sentiers battus et cherchant à mettre en lumière des récits souvent oubliés.

Autre initiative, l’artiste Silvia Radelli a féminisé le plan du métro parisien, à découvrir ici.

Vers une parité urbaine ?

Comment tendre encore plus vers la parité urbaine en ville ? Pour insuffler ce changement, les villes par la puissance de ses lieux, de ses monuments aux noms marquants les imaginaires et les mémoires, peuvent permettre d’offrir plus de représentativité aux femmes. Mais plus que la symbolique, instaurer la parité nécessite aussi que les femmes soient plus présentes dans les institutions, les postes à décisions et même dans l’espace public. C’est une démarche globale et sensible qui doit se faire, en replaçant l’héritage des femmes au cœur du quotidien de nos villes pour plus de parité urbaine.