Que faire des rues aux noms commémorant des esclavagistes ? Les rebaptiser comme le font différents collectifs de militants pour l’égalité ? Ou plus radicalement les débaptiser ? La Rochelle a choisi une voie différente en gardant les noms des rues, mais en y accolant des plaques explicatives dans une démarche de meilleure connaissance du passé de la ville, dont l’économie s’est tristement basée sur le commerce triangulaire. En effet, pas moins de 420 bateaux transportant 130 000 humains réduits en esclavage sont partis du port de la Rochelle entre le XVIe et le XIXe siècle. Une histoire tragique que les charentais pourront explorer par un parcours à travers la ville.

En flânant du côté de la rue Samuel Demissy, on peut désormais lire sur une plaque : “Planteur, armateur, il participe au commerce négrier puis adhère en 1789 à la Société des Amis des Noirs. Suite à un tollé dans le monde des élites négociantes, il revient sur son adhésion. Il est maire de 1795 à 1798.” Un énoncé laconique qui indique bien la volonté d’expliquer sans fard la réalité du commerce triangulaire. En se rendant sur le site de la ville, il est également possible d’avoir accès à des notices plus détaillées sur chacune de ces rues tout au long du parcours. Toujours dans cette optique de rétablir la vérité, une plaque rappelle que le philanthrope Louis-Benjamin Fleuriau n’a pas participé à la traite, malgré les légendes locales. Une initiative salutaire qui pourrait inspirer plusieurs villes dans la manière de traiter avec intelligence leur passé, sans l’effacer.

Photo de couverture ©Sergey Novikov/Canva