Le dernier rapport de l’Autorité Environnementale (AE) publié en 2021 a montré que la transition écologique n’était pas réellement amorcée en France. En effet, les chiffres montrent que dans tous les domaines, les taux escomptés n’ont pas été atteint. La ville de Paris est loin de montrer l’exemple : les émissions de gaz à effet de serre, dont la diminution était prévue à 30%, n’ont reculé que de 9%. À l’impératif des diminutions des émissions de gaz à effet de serre s’ajoute la nécessité de s’adapter au changement climatique, et là non plus, les ambitions ne suivent pas les objectifs fixés. 

Une politique tournée vers le “Zéro pétrole” implique de revoir totalement le fonctionnement de la ville tel qu’il est conçu aujourd’hui. L’aménagement du territoire et la planification écologique doivent prendre en compte différentes échelles pour passer à des énergies totalement renouvelables. Ainsi, le passage vers une ville post-carbone exige “un bouleversement technologique, économique, sociétal et urbanistique total”, d’après Albert Levy, architecte urbaniste

Ces bouleversements ont déjà eu lieu dans la période post-moderne, avec deux modèles types de ville pensés pour créer un nouveau système politique, économique et social avec l’émergence des énergies fossiles. On peut notamment évoquer la Ville radieuse du Corbusier, dont l’objectif était d’adapter la ville aux nouvelles exigences modernes de la révolution industrielle dans la décennie 1920-1930. Cette révision totale de l’urbanisme, à l’opposé des tendances de l’époque, prend pour objectif final la ville fonctionnelle, à travers 4 domaines d’activité : habiter, travailler, circuler, et se récréer. Elles sont réparties dans des zones distinctes de la ville. Ce modèle a fait l’objet de vifs débats, puis s’est finalement essoufflé dans les années 60, n’étant finalement pas compatible avec les attentes du moment. Jugé trop austère, voire autoritaire, la fin des régimes totalitaires l’a définitivement éliminé des discussions.  À l’inverse, le modèle de la Disappearing city a promu une ville autour du logement individuel, de la voiture, et de l’étalement urbain. 

À travers ces exemples, on peut voir comment un changement de paradigme implique des bouleversements multisectoriels. Aujourd’hui, le changement climatique nous impose une neutralité carbone, qui n’en est qu’au stade de balbutiement sans réel modèle centralisé qui émerge. L’usage de la voiture a été mis au centre dans nos conceptions urbaines, et le fonctionnement du RER centrique témoigne de la dépendance créée autour des énergies fossiles. Albert Levy conclut alors que la ville post-carbone doit être “un énorme travail interdisciplinaire, tout en sachant que cette ville n’est qu’un segment de la ville durable, dont la problématique est plus vaste et inclut la question du sens même de la ville”.

Photo de couverture : ©Nick Humphries via Flickr