Pourquoi les villes semblent-elles se vider de plus en plus de leurs oiseaux ? C’est la question à laquelle ont cherché à répondre le Muséum national d’histoire naturelle et la Ligue pour la protection des oiseaux dans une étude résumée dans un article paru sur Usbek & Rica. Le constat de cette diminution peut paraître étrange, tant les villes semblent constituer un espace protecteur pour les oiseaux. Pas de prédateur naturel, pas de chasse, des mangeoires disponibles un peu partout et une absence de pesticides. De plus, le nombre d’espèces d’oiseaux a doublé en France durant le vingtième siècle, et on se retrouve aujourd’hui même avec des villes qui cherchent à en limiter la présence.
De fait, il existe une disparité dans l’évolution de la population des espèces, avec d’un côté certaines qui se multiplient en ville comme les pigeons bien connus des citadins, alors que d’autres sont en forte diminution à l’instar du moineau friquet qui a perdu 60% de son effectif en vingt ans. Pour comprendre cette baisse, il faut regarder plus largement que nos seules villes, puisque certains oiseaux sont également coutumiers des déplacements pendulaires, et peuvent effectuer des longs trajets quotidiens entre zones agricoles et zones urbaines. Justement, le développement de la monoculture et du recours aux pesticides les ont privés d’une grande part de leur alimentation, ce qui explique en partie le phénomène.
De plus, les transformations de nos villes ont joué un rôle important. Si le nombre d’espèces a doublé au vingtième siècle dans notre pays, c’est notamment grâce aux anciens bâtiments en pierre dont les cavités et crevasses ont longtemps constitué un abri parfait. La rénovation du bâti ancien en cours depuis des décennies a eu tendance à lisser les façades, et à utiliser des matériaux non compatibles avec le mode de vie de ces oiseaux. La disparition des vieux arbres plantés du temps du second Empire a également contribué à cette dynamique.
On se retrouve donc aujourd’hui à une uniformisation de la faune urbaine sous l’effet de la pression humaine, et donc à une baisse de la biodiversité. La question se pose alors des actions que nous pouvons mener pour contribuer à la dynamiser, dans des villes qui se densifient de plus en plus.
Photo de couverture ©Hera Ghadanian/Getty