Depuis les dernières annonces de Mark Zuckerberg, le petit monde des cryptomonnaies et des univers virtuels s’affole. La cryptomonnaie Mana, devise utilisée dans le métavers Decentraland a bondi de 295% en 24 heures. Des sommes colossales et bien réelles échangées dans des univers totalement virtuels.

Sur le papier, le projet Decentraland semble tout à fait utopique. Il s’agit d’un univers virtuel en 3D dans lequel les utilisateurs peuvent interagir à travers un avatar avec d’autres personnes, mais aussi avec un environnement riche créé par les utilisateurs. Bâtiments, parcs d’attractions, œuvres d’art, concerts… Une sorte de ville virtuelle accessible depuis chez soi, où les utilisateurs décident collectivement des règles mises en place lors de votes communautaires.

Ce monde est divisé en parcelles de 16×16 mètres, que chaque personne peut acquérir en utilisant la cryptomonnaie MANA, qu’on peut obtenir en investissant, ou en l’échangeant contre d’autres cryptomonnaie suivant son cours au moment de l’achat. Pour s’assurer qu’une parcelle achetée par un utilisateur lui appartient bien, le métavers a recours aux « NFT », Jeton Non Fongible, qui permettent de rattacher une identité numérique (ici, une parcelle) à un propriétaire.

Le protocole de la blockchain, dans lequel on ne rentrera pas ici, permet d’authentifier à chaque seconde le propriétaire, avec des effets assez néfastes sur l’environnement bien réel. Chaque utilisateur peut alors acheter plusieurs parcelles pour constituer un véritable domaine, dont la valeur dépend de sa localisation et des aménités environnantes comme dans le monde réel…

Si ces nouvelles technologies permettent alors de créer des villes virtuelles fascinantes, et même des œuvres d’art numérique qu’on peut admirer dans les appartements des acquéreurs, la reproduction de la spéculation immobilière dans un univers virtuel interroge. De plus, l’autogouvernement revendiqué par les utilisateurs de Decentraland pose aussi question, puisque le poids de chacun est corrélé aux terrains qu’ils possèdent. Un univers basé sur le vote censitaire et la spéculation immobilière constitue-t-il vraiment une utopie souhaitable ? On vous laisse juger en explorant par vous-même.

Crédit image de couverture ©Marco Verch via ccnull