Les moyens mis en œuvre ne sont pas à la hauteur des objectifs ambitieux visés, tel est le constat de ce Rapport. Au niveau des rénovations globales, l’étude menée fait le bilan et soulève qu’à peine 0.2% des travaux sont engagés, alors que 94% des logements affichent une étiquette énergétique inférieure à B. Une information décevante car pour rappel, le gouvernement s’est fixé pour objectif de porter l’ensemble du parc résidentiel au niveau des étiquettes de performance énergétique A et B d’ici à 2050. Un des points essentiels pour parvenir à remplir l’ambitieux objectif pour 2030 d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40% par rapport à 1990.
Le même jour que la publication de ces conclusions, le projet de loi « Climat et résilience » a été présenté en Conseil des Ministres. Un premier pas qui apparaît donc comme timide alors même que pour accélérer la rénovation énergétique, l’un des points clés du projet de loi est l’interdiction de mettre en location les passoires énergétiques classées G à partir de 2023, et classées F à partir de 2028.
Or, le seuil pour qualifier un logement de passoire énergétique est très élevé : il faut que la consommation énergétique excède les 450 kWh/m2/an, ce qui concerne aujourd’hui un nombre très réduit de logements. En outre, aucune sanction n’est prévue dans le décret à l’encontre des propriétaires dont le logement loué dépasserait le seuil, ce qui questionne les limites d’une telle démarche plus incitative que réellement contraignante.
Pour aider les particuliers à la rénovation des logements, un nouveau dispositif public MaPrimeRénov’ avait été lancé en janvier 2020. Victime de son succès, il a dû faire face à un certain nombre de problèmes qui ont ralenti les projets de rénovation. Pour prétendre à MaPrimeRénov’, les particuliers ont l’obligation d’avoir recours à une entreprise « reconnue garant de l’environnement » (RGE).
Problème : sur les 500 000 entreprises du bâtiment que compte la France, seules 10% sont labellisées RGE, et ce nombre baisse, la certification étant complexe à obtenir et coûteuse. La prime rencontre également des problèmes techniques persistants et des retards de versement décourageants. Pour tenter de remédier à cette situation, une nouvelle expérimentation, appelée « RGE chantier par chantier » vient d’être lancée par l’Etat. Depuis le 1er janvier 2021, et pendant 2 ans, elle permet de faire appel à des entreprises non labellisées RGE et de pouvoir prétendre à l’aide publique.
Les objectifs fixés pour 2021 en matière de rénovation énergétique sont très ambitieux. L’Etat a mis sous pression l’Agence nationale de l’habitat (Anah), qui s’occupe de gérer les candidatures à l’aide au financement de la rénovation. MaPrimeRénov’ devra aider 400 000 à 500 000 logements cette année, alors que ce sont un peu moins de 200 000 demandes qui ont été déposées l’an passé. Le budget alloué est de 1,7 milliards d’euros. La rénovation énergétique devrait donc s’accélérer, malgré des contraintes évidentes, ce qui permettra peut-être à la France de combler ces prochaines années son actuel grand retard sur le sujet.