Occupée depuis le mois de mars par la Russie, la centrale nucléaire Zaporijia, plus grande d’Europe avec ses 6 réacteurs de 1000 MégaWatts chacun, pourrait bien être soumise à des bombardements. La situation reste ambiguë : en effet, les deux pays s’accusent mutuellement de provocations, alors que le secrétaire général de l’ONU se trouve en visite sur le territoire. Le Président Emmanuel Macron s’est par ailleurs entretenu avec Vladimir Poutine par téléphone, où ce dernier a annoncé que le bombardement systématique (…) du territoire de la centrale nucléaire de Zaporijjia crée un danger de catastrophe de grande envergure qui pourrait conduire à la contamination radioactive de vastes territoires ».

En réalité, les risques à court terme sont très faibles et la Russie joue volontairement sur le traumatisme européen de Tchernobyl. Des précautions ont été prises dans la conception des centrales notamment avec la mise en place d’équipements mobiles supplémentaires pour refroidir les réacteurs : même dans le pire scénario, le rayon affecté serait de 20 à 30 km. En revanche, une évacuation de la population est quand même à envisager : bien qu’une faible dose ne comporte pas d’effets graves à court terme, des conséquences sanitaires sont à envisager à long terme (comme des cancers). Concernant l’agriculture, les exploitations seraient restaurées en quelques années, comme cela a été le cas à Fukushima. 


Pour d’autres experts, comme Patrick Martin-Genier, professeur à Sciences Po et spécialiste des questions européennes, le risque à prévoir n’est pas un incident industriel, la centrale étant construite pour résister aux bombardements ou même à la chute d’un avion, mais bien l’arrêt de son fonctionnement. En effet, Zaporijia fournit près de 20% de l’électricité de l’Ukraine, qui se trouverait alors fortement affaiblie. On voit bien comment, à l’aune de conflits internationaux, les centrales civiles deviennent de vrais arguments de guerre, de par le danger d’éventuels incidents, ou bien la dépendance énergétique encore très présente au nucléaire.

Image de couverture : La centrale de Zaporijia via Wikipedia