Pour mieux comprendre les origines de cette idée en apparence folle, il faut d’abord rappeler que le béton, matériau le plus utilisé pour nos constructions, est aussi le plus destructeur pour la planète, à la fois nocif pour notre santé, l’environnement, et la culture. Pour cause, sa caractéristique principale : il durcit jusqu’à être parfaitement étanche et se dégrade lentement à notre échelle. Malgré cette solidité très appréciée qui en a fait son succès, il entretient les perturbations climatiques : la bétonisation rend les sols étanches et donc moins capables d’absorber les pluies. 

Ainsi, à la Nouvelle-Orléans, les dégâts des inondations ont été bien plus graves et difficiles à absorber que dans d’autres villes, le suburbain ayant été fortement bétonné. Le béton est également très consommateur en eau ; près du dixième de la production mondiale est nécessaire à sa fabrication. Il participe à l’augmentation de la pollution, aggravant des maladies respiratoires telles que la silicose, de par les poussières rejetées par les ventilateurs sur les grands chantiers de construction. Enfin, et ce de manière évidente, le béton est une vraie entache à la biodiversité ; la bétonisation est la première cause en France de sa chute, à l’aune de la sixième extinction de masse. 

Les raisons sont donc nombreuses de se tourner vers des solutions innovantes et durables. Parmi elles, l’idée ingénieuse et étonnante solution de Arnhildur Pálmadóttir. Cette architecte islandaise a entamé une réflexion sur de nouveaux matériaux exploitables, dans un pays où les ressources naturelles se font rares. La lave a rapidement été placée en favorite, étant présente sur le territoire en grande quantité : “Nous avons des champs de pierre et de la lave”, dit-elle. Bien qu’il puisse paraître complexe voire dangereux d’utiliser un tel matériau, l’architecte propose trois types d’utilisation, en Islande mais également sur les 1500 autres sites volcaniques présents dans le monde. Tout d’abord, on pourrait creuser des tranchées dans lesquelles s’imbriquerait le magma en fusion, le forer avant qu’il ne se transforme en lave, puis en imprimer des briques 3D. Ce procédé reste complexe mais illustre l’urgence à se tourner vers d’autres matériaux dans ce contexte climatique. 

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