Des citadins davantage conscients des apports de l’agriculture urbaine

Une chose est sûre, la mise en place d’une agriculture urbaine prend de plus en plus d’ampleur dans la construction des quartiers, jusqu’au cœur de nos villes. Les initiatives locales qui prennent cette direction peuvent d’ailleurs émaner de tous les acteurs urbains. Si les pouvoirs publics peuvent favoriser de telles implantations au sein de leurs communes, les citoyens peuvent également être la source d’une agriculture urbaine, partagée « par le bas ».

Nous prenons en effet conscience des enjeux environnementaux qui régissent le développement des villes. Les défis écologiques intègrent les modes de vie d’un nombre croissant de citoyens, et l’envie d’un retour à des modes de productions plus locaux se fait ressentir. Circuits courts, produits frais, bio et locaux, les exigences de la population s’accordent aujourd’hui davantage avec cette idée de réintégrer une part de rural en plein milieu urbain. Une vision écologique est certes ce qui les motive, mais l’accès à une nourriture qui promet d’être plus saine est également un élément déclencheur majeur.

L’agriculture revient donc au goût du jour en ville. En plus des prises d’une volonté d’agir à sa manière en faveur de l’environnement, ces citadins attirés par les engagements écologiques démontrent une volonté non-seulement de favoriser les productions et les échanges locaux, mais également d’enfiler les gants pour mettre directement la main à la terre. Quel bonheur de pouvoir récolter les légumes que l’on a laissé mûrir soi-même ! Avec le mouvement Incroyables Comestibles, les citadins peuvent par exemple installer quelques plantations au pied de chez eux, afin que les passants puissent se servir et éventuellement semer des légumes à leur tour.

Mais si la ville semble de plus en plus verte et de plus en plus actrice de la nourriture de ses habitants, peut-on véritablement dire que ce phénomène soit pertinent au vu de ce qui caractérise la ville ?

Un monde urbain qui n’est pas adapté à ce phénomène

En effet, la contexte urbain semble à première vue inadapté au développement d’une agriculture de ville qui, par conséquent, sans trouverait dans un environnement qui peut lui être hostile et contre-productif.

La notion de pression foncière semble être une première contrainte. Les difficultés rencontrées par certaines communes pour satisfaire les besoins en logements pour leurs habitants apparaissent comme une épine entravant la volonté d’utiliser des surfaces potentiellement rémunératrices. Pour des céréales par exemple, la biomasse nécessaire pour leur culture s’élève entre 5 et 12 tonnes par hectare. Ce qui ne peut pas correspondre à une agriculture de ville, dans un contexte urbain et dans des stratégies territoriales qui visent bien souvent un profit financier optimal.

De plus, l’environnement ambiant dans lequel baignent les cultures urbaines est loin d’être du niveau de celui qui les entoure en milieu rural. Bien entendu, la pollution atmosphérique, en partie liée à l’usage excessif de l’automobile en ville, ou en tout cas de la forte activité qu’elle représente, condamnent les fruits et légumes les plus fragiles des écosystèmes. Ce sont pourtant ceux-là qui sont les principaux intéressés par l’agriculture urbaine, dans la mesure où les consommateurs recherchent, répétons-le, des produits frais peu dégradés par un transport qui peut s’avérer fatiguant.

Par ailleurs, les grandes installations agricoles, qu’elles soient rurales ou urbaines, ont besoin de réseaux adaptés quant à la gestion des déchets produits ainsi que des ressources nécessaires. Or, le développement de ces réseaux en ville représente une difficulté supplémentaire qu’il apparaît souvent bien plus simple efficace de produire en dehors des espaces urbains.

L’agriculture urbaine doit être maniée avec précaution !

L’agriculture urbaine représente pourtant une des réponses aux enjeux pour bâtir une ville durable. En l’occurrence, l’accès à une nourriture saine et respectueuse de l’environnement semble être une ouverture vers des villes actives en matière d’alimentation et, par extension, de santé.

On l’a vu en revanche, les difficultés sont encore nombreuses pour imposer un modèles agricole en milieu urbain. Alors peut-on malgré cela envisager d’intégrer plus durablement l’agriculture en ville ? Certainement. Si elle représentera difficilement une véritable solution pour une ville autosuffisante, elle peut en revanche être maniée de manière tout à fait réfléchie et justifiée, à une échelle modérée.

Dans l’idée donc, nous pouvons davantage miser sur des initiatives agricoles à échelle plus restreinte, voire ultra-locale, même jusqu’à celle du bac à légumes. C’est le cas par exemple du collectif Incroyables Comestibles qui valorise les initiatives des citoyens qui mettent bénévolement en place de petits espaces dont la culture et les récoltes sont partagées. De cette manière, l’emprise foncière est nulle et permet en outre d’entretenir un minimum de lien social dans un quartier qui se nourrit de ses propres aliments.

Mais ce genre d’alternative doit être adjacent à celui de la mise en place d’une politique bien particulière en vertu de l’environnement des cultures aménagées. Notamment par le biais de solutions qui peuvent être apportées afin de limiter l’usage de véhicules polluants en centre-ville, ou de développer les modes de transports plus respectueux.

Quoi qu’il en soit, nous pouvons remarquer que l’essor des intentions citadines en vertu d’une agriculture locale permet de fédérer les habitants autour d’une action et d’un espace communs et de dynamiser durablement la ville. L’agriculture urbaine doit ainsi être maniée avec précaution par des citadins conscients des contraintes liées à l’urbain, mais surtout conscients des réponses sanitaires, économiques, sociales et économiques que l’agriculture urbaine peut apporter.