Jean-Luc Moudenc est maire de Toulouse et Président de Toulouse Métropole depuis 2014. Nous sommes allés à sa rencontre sur le stand attribué à la Métropole toulousaine, où les projets présentés mettaient en valeur l’apparition de la nouvelle LGV Bordeaux-Toulouse et le développement économique à venir de ce territoire. Quelle vision de la ville pour le toulousain Jean-Luc Moudenc ?

Pouvez-vous nous parler de Toulouse, quels sont les grand enjeux urbains ?

Nous avons deux projets phares et emblématiques pour Toulouse actuellement. Pour la première fois, la ville accueille un projet de tour, dans le quartier de la gare, qui elle-même va accueillir le TGV d’ici peu. Cette tour de 150 mètres de haut est un projet phare, de 130 millions d’euros d’investissement, réalisée par l’architecte américain Daniel Libeskind. Ce projet est emblématique car il symbolise une nouvelle ambition urbanistique et architecturale, en lien avec le dynamisme économique de Toulouse.

Toulouse, c’est l’agglomération française qui a créé le plus d’emplois sur vingt ans. En conséquence, nous accueillons une croissance démographique record. L’ensemble de ce dynamisme doit être corroboré par un dynamisme urbain, une offre de logements et de services correspondants. Nous avons donc plusieurs projets en ce sens. Un nouveau parc des expositions va être construit. Deux campus, l’un sur l’oncologie, les sciences de la santé, l’autre sur l’aéronautique, vont voir le jour. Aussi, une troisième ligne de métro va être développée.

Quelle est la place de Toulouse en tant que métropole ? Quelle place doit-elle tenir au niveau national ?

Nous sommes la quatrième ville de France et nous sommes parmi les 15 premières métropoles créées dans notre pays.

Dans la vision ancienne du développement territorial, la France appuyait son développement d’abord sur celui de Paris selon une vision centralisée. A partir du moment où la France a choisi de créer des métropoles, c’est qu’elle voit les choses autrement et que désormais, le dynamisme économique part de la région parisienne, toujours, mais aussi de ces périphéries que sont les métropoles. En tant que territoire métropolitain, nous devons être porteurs de la croissance de demain, porteurs de l’innovation, porteurs des emplois de demain pour la métropole.

Selon vous, comment peut-on garantir un accès égalitaire à la ville ? Comment se construit le droit à la ville ?

D’abord, nous devons produire du logement social. A Toulouse, nous sommes plutôt bons élèves. Nous sommes à 20,8% et nous allons vers les 25%. Dans cette volonté de rendre la ville accessible à tous, nous fixons maintenant entre 30 à 35% de logement social dans les programmes.
A Toulouse, les quartiers concernés par le renouvellement urbain sont à l’intérieur de la grande ville et non dans les banlieues. Cela signifie que nous développons des projets de renouvellement urbain et de rénovation urbaine dans le cadre du contrat de Ville, ce qui permet aussi de rendre le cœur de ville accessible. Dans ce cadre, nous avons créé un prêt accession à la propriété pour les personnes aux revenus modestes, qui ont besoin d’un coup de pouce. C’est un prêt à taux 0, qui s’ajoute à celui de l’Etat pour permettre à tous d’accéder à la propriété. La ville accessible pour tous passe par là !

Que pensez-vous de la smart city ? Quelle place doit-on donner aux nouvelles technologies dans la ville ?

Elle est essentielle ! Dans le cadre de la French Tech, nous sommes labellisés Smart City. Localement, 40.000 emplois appartiennent à l’économie du numérique. A Toulouse, nous sommes les champions de France, après Paris bien-sûr, pour les levées de fond des start-up. Notre avantage c’est que nous soyons “ville universitaire, ville de recherche”.

Aujourd’hui, la ville numérique permet de répondre à des besoins d’usage en facilitant la vie des gens. Elle permet d’économiser en matière énergétique en régulant l’énergie. Je pense que la ville de demain c’est la ville qui met en valeur son patrimoine, hérité des siècles précédents, et qui en même temps sait être une ville connectée. Ce duo, entre tradition et modernité, ville patrimoniale et ville connectée, je crois que c’est quelque part un modèle directeur pour le développement d’une ville comme Toulouse.

Quel visage imaginez vous pour la ville de demain ?

D’abord, la ville de demain est ramassée sur elle-même. Alors que nous étions dans des logiques d’étalement urbain, où la ville grignotait les espaces agricoles alentours, nous devons demain penser la ville dense.

Ensuite, la ville de demain grandit pour tous. Pour cela il faut produire une offre de logements diversifiée. Dans la ville de demain on trouve à la fois du logement social, du logement très social, de l’hébergement d’urgence et puis aussi de l’accession à la propriété, à la fois de l’accession pure et dure, je dirais classique, mais aussi de l’accession sociale, du logement intermédiaire, du logement étudiant, du logement senior. Nous devons être capables d’offrir une pluralité dans l’offre de logement pour répondre à la diversité des situations que ce soit les situations des personnes ou de situations dans un moment de la vie, parce qu’on a pas les mêmes besoins en matière de logement quand on a 25 ans, quand on a 45 ans ou quand on a 65 ans.

Ensuite, la ville doit laisser place et même faire de la place à la végétation. C’est pour cela que nous avons prévu pendant ce mandat d’augmenter de 10% la superficie des espaces verts publics. A l’heure du développement durable, à l’heure des enjeux de la COP 21, nous devons faire en sorte que la ville verte se développe. Nous devons être économes en énergie et parier sur l’énergie positive. Aujourd’hui, à Toulouse, 83% de nos besoins en éclairage public sont couverts par de l’énergie d’origine naturelle grâce à notre usine hydroélectrique située au coeur de la Garonne. Nous voulons atteindre les 100% avec le développement du photovoltaïque.

La ville de demain est accessible. On peut s’y déplacer facilement grâce à un développement important en termes de transports en commun, d’infrastructures cyclistes et d’espaces piétons. Nous devons investir dans la transformation, dans l’adaptation de l’espace public pour tous, pour défendre une vision de la ville durable et fraternelle.