À l’échelle du globe terrestre, seulement 2% de la surface au sol est occupée par la ville. Et pourtant, à elles seules, les villes dans le monde sont la source de 80% des émissions de CO2 et consomment de 75% de l’énergie produite. Face au développement d’internet et à son usage permanent, en réponse au marché mondialisé et à la croissance de nos mobilités, les cités sont devenues des gouffres en énergie et tendent à le devenir de plus en plus. En effet, selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), la demande en électricité aura augmenté de 30%, d’ici 2040.
Les conséquences de cette surconsommation et surproduction d’énergie en ville sont nombreuses : îlots de chaleur urbaine, émission de particules fines, impacts sur la santé des citadins… Pourtant, de l’énergie produite semble dépendre le dynamisme des villes. En faisant fi des énergies fossiles polluantes, la ville durable qui respire semble alors être l’unique issue. À cet effet, les espaces urbains sont donc les premiers lieux à investir face à une détresse écologique et de surproduction énergétique. Qui des compteurs électriques Linky (compteurs intelligent permettant de réguler sa consommation), des labels “éco quartiers” attribués à certains ensembles de logements ou des mobilités douces sont alors les meilleures solutions pour parvenir à cette fameuse ville “carboneutre” rêvée par beaucoup de candidats ?
L’enjeu est là : faire en sorte que les populations réduisent, voire interrompent définitivement l’utilisation des énergies non renouvelables. Les élections municipales plaident cette année la cause de la décroissance énergétique, à l’échelle des territoires. Celle-ci est évoquée par plusieurs candidats aux municipales, à diverses échelles.
Coup de projecteur sur…
NANTES
Dans la métropole de Loire-Atlantique, 8ème aire urbaine française, des progrès sont déjà à observer quand à la consommation d’énergie. Certaines forces renouvelables sont en train d’être développées à l’échelle de la Métropole, comme les Énergies Marines Renouvelables (EMR) avec l’installation de panneaux photovoltaïque sur le Marché d’Intérêt National (MIN) de Nantes etc.
En plus d’avoir été élue « Capitale Verte de l’Europe » en 2013, la métropole fait d’ailleurs partie des 13 Ecocité nommées par le Ministère de l’Ecologie. Alors que la taille de la ville n’a cessé de croître, en dix ans, si la surface des bâtiments a augmenté de 18%, la consommation d’énergie dans la ville a quant à elle, baissé de 6,2%. Premier pas !
Crédit photo ©Jean-Pierre Dalbéra via Flickr
Johanna Rolland, maire socialiste sortante, reconduit sa candidature par la liste “Nantes en confiance”. Elle met en avant son bilan de 65 000 tonnes de CO2 économisées et de 56 millions d’euros mobilisés pour la rénovation énergétique des bâtiments au cours de son mandat. La maire actuelle ne compte pas s’arrêter là : son programme contient encore une volonté de lutte contre les “passoires énergétiques”, c’est-à-dire les logements mal isolés plus consommateurs en énergie, grâce à un plan de rénovation de 50 000 logements en 10 ans visant à créer des BBC : “bâtiments à basse consommation”. Johanna Rolland souhaite aussi le remplacement de toutes les chaudières au fioul d’ici 2030.
Pour la liste Nantes en commun, portée par Margot Medkour, du mouvement écologiste et citoyen, il faut aussi se réapproprier l’énergie qui est selon elle “la base du fonctionnement de notre économie”. La liste annonce le renouvellement de 8000 logements pour la ville. De plus, la jeune candidate projette de désigner un fournisseur producteur et acteur de l’énergie, duquel on puisse maîtriser la provenance et la manière dont l’énergie est produite.
Le parti Europe Ecologie les Verts, porté quant à lui par Julie Laernoes, souhaite lancer des chantiers de “débitumage” en créant des canopées végétales, en plantant des arbres et surtout en lançant un permis de végétaliser, outil citoyen qui selon elle “permettra de déposer une demande d’enlèvement du bitume pour faire pousser, en pleine terre, plantes, arbres et légumes.”
NIORT
A Niort, dans les Deux-Sèvres, où la population est de 50 000 habitants, le maire sortant se représente dans une liste sans étiquette, soutenus par le centre et la droite. Face à la liste sortante, deux des trois listes de gauche ont fusionné ensemble, phénomène assez rare au cours de ces élections municipales, créant ainsi la liste Niort Énergie Nouvelle. La liste divers gauche, mais avant tout “écologiste et citoyenne”, pourrait bien faire le poids face au maire sortant.
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Parmi beaucoup d’initiatives quant à la transparence face aux émissions de CO2, NEN souhaite la mise en place non d’une “trame verte”, mais d’une “trame noire” : la chasse au gaspillage et à la pollution lumineuse.
En ce qui concerne l’énergie niortaise, de grands débats font rage. Au cours de son mandat, le maire actuel Jérôme Baloge avait mis en place la gratuité de tout le réseau de bus. Si cette dernière démarche avait permis d’augmenter de 20% la fréquentation des bus, la décision avait dû entraîner la suppression de plusieurs lignes et donc le recours à la voiture pour certains trajets…
L’énergie est un sujet difficile à maîtriser tant il provoque des effets en vases communicants, aux multiples enjeux.
Les solutions s’inscrivent dans un enjeu technique : les innovations sont la clé pour repenser la transition énergétique et les énergies renouvelables. L’enjeu est aussi sociétal, ne devant pas entraîner un accès différent à l’énergie propre selon la condition sociale, pouvant provoquer des inégalités…
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