Quelle est l’approche originale de ce projet ? Quels enseignements apporte-t-il pour mieux intégrer la question du handicap dans la conception ?
Selon l’enquête HID de l’INSEE en 2001, en France, entre 10 et 12 millions de personnes sont atteintes d’un handicap, ce qui représente environ 15 % de la population totale. Souvent assimilés aux personnes malvoyantes ou en fauteuil roulant, les formes de handicap sont en réalité multiples et variées. Qu’il soit sonore (5,8 millions de personnes), psychique ou cognitif (700 000 personnes), visuel (1,7 millions de personnes), ou bien moteur (2,3 millions de personnes dont 400 000 en fauteuil roulant), le handicap n’est pas toujours perceptible par les autres. Avec le vieillissement de la population, et le recul de l’âge moyen de mortalité, le nombre de personnes concernées risque d’augmenter dans les années à venir.
La ville et ses aménagements ne semblent pas toujours prendre en compte cette part importante de la population, ni cette problématique qui nous concerne tous. Dans l’histoire urbaine, le handicap était souvent rejeté aux portes de la ville et n’a jamais été réellement inclus dans son développement. Aujourd’hui, cette logique d’exclusion reste présente dans les espaces que la ville offrent et qui font d’elle un territoire inadapté aux personnes concernées par un handicap qui les limite alors dans leur expérience complète de l’urbain.
Pourtant, depuis les années 1970, des législations sont mises en place par les gouvernements successifs dans le but de faire évoluer la situation des personnes handicapées et de leur donner pleinement droit à la ville dans son ensemble. Le 30 juin 1975, Simone Veil, alors ministre de la Santé, instaure la première loi visant à faciliter l’accès au travail, aux ressources financières et au droit à l’intégration scolaire et sociale. Mais ce n’est que le 11 février 2005 que la question d’une accessibilité égalitaire aux espaces est invoquée dans un texte législatif. Elle oblige, entre autres, la mise aux normes, et cela dans un délai de 10 ans, de l’ensemble des établissements ouverts au public afin d’assurer l’accès, la circulation et la compréhension des lieux aux personnes handicapées. Elle réglemente également les nouvelles constructions publiques ou privées en les obligeant à être des lieux accessibles pour tous.
Cependant, certaines villes ont mis du temps à aménager leurs espaces pour les rendre plus inclusifs. Paris a attendu 2009 pour initier une réflexion sur l’aménagement de ses espaces publics pour permettre leur accessibilité avec la mise en place du PAVE (plan de mise en accessibilité de la Voirie et des Espace publics). Finalisé en 2012, ce plan cherche à favoriser les démarches de concertation avec l’ensemble des acteurs impliqués dans le monde du handicap. De plus, une étude très complète et intéressante a été menée par École des ingénieurs de la ville de Paris en 2018 pour compléter cette approche.
A 3 ans de l’arrivée des Jeux olympiques et paralympiques dans la capitale, rappelons que seules 15 stations de métro sur les 303 dissimulées sur le territoire parisiens sont aujourd’hui accessibles aux personnes à mobilité réduite. Il est donc temps de se mettre en action pour réfléchir et transformer nos villes afin de les rendre plus inclusives. Mais alors, comment peut-on prendre en compte les diverses formes de handicap dans la réalisation de projets architecturaux ambitieux ? Finalement, ne faut-il pas surtout penser la ville inclusive ?
La Cité Universelle, un projet porté par des acteurs engagés
C’est dans le cadre de l’appel à projets urbains innovants “Réinventer Paris 2 : les dessous de Paris” que La Cité Universelle est née. Porté par le promoteur GA Smart Building, ce projet prend place sur le site de “La Marseille” situé Porte de Pantin, à la croisée de trois villes : celles de Paris, du Pré-Saint-Gervais et de Pantin. En essayant de comprendre comment le territoire était vécu et la dynamique de ces différentes villes concernées par le site choisi, GA Smart Building se remémore que la Ville de Pantin avait candidaté pour l’accueil du village olympique et paralympique des JO 2024 de Paris, finalement remportée par la ville de Saint-Denis. S’appuyant sur cette volonté forte d’offrir un lieu en héritage de ces Jeux 2024, le promoteur relance cette dynamique, partant du constat que peu de salles que peu de salles sont accessibles pour les pratiques sportives en fauteuil à Paris, et plus généralement en France. En effet, la plupart des grands équipements sportifs ont été construits avant l’apparition des premières normes d’accessibilité dans les années 70.
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Photo de couverture : La Cité Universelle verra le jour Porte de Pantin ©GA smart building promoteur, Baumschlager Eberle Architekten, INEDIT Architecture