Des hôpitaux qui s’intègrent aux villes
Nombreux sont les hôpitaux qui ont été initialement construits en périphérie des villes, non pas tant pour protéger les malades des désagréments urbains, mais plutôt pour protéger les urbains des malades. Mais petit à petit, l’hôpital a pénétré les enceintes de nos villes. En effet, avec l’expansion urbaine, ces infrastructures ont fini par être incluses dans le tissu urbain, néanmoins, elles n’y ont pas été intégrées pour autant. Objet urbain généralement décrié, l’hôpital se réinvente depuis quelques décennies. À force d’inventivité de la part des architectes et des décideurs, l’hôpital est en passe de devenir un véritable ensemble urbain intégré et en interaction avec la ville.
L’hôpital, par les besoins techniques et logistiques auxquels il répond, est un équipement urbain particulièrement contraint dans sa forme. Initialement conçu comme un ensemble de petits pavillons isolés pour éloigner les malades les uns des autres, l’hôpital a progressivement muté, de l’hôpital-bloc des années 30 à l’hôpital socle-tour à partir des années 50, il a été dessiné comme une entité de plus en plus imposante, repérable de loin, qui devient un symbole de l’État.
Cependant, à partir des années 90, l’architecte Pierre Riboulet va profondément modifier cette perception des hôpitaux et la place que ces derniers occupent au sein de nos villes. En écrivant : « L’architecte, par son travail de transmutation du programme, d’épiphanie qui fait apparaître dans l’espace un programme abstrait, peut proposer des lieux, des formes, auxquels ni les programmateurs ni les utilisateurs n’avaient pensé » il pose les jalons d’un hôpital ouvert sur la ville et qui dialogue avec cette dernière.
Il va mettre son principe en action notamment avec la construction de l’hôpital Robert Debré, à Paris, dont il sera l’architecte en chef. Il met – entre autres – au point le principe de « rue hospitalière ». Cette nouvelle forme de rue créée une transition pour les enfants hospitalisés, afin qu’ils puissent aisément passer de leur statut de patient à une forme de quotidien adapté à leurs besoins.
Concrètement, ça donne quoi ?
Il s’agit d’une rue intégrée à l’hôpital qui garantit une implantation d’équipements davantage urbains qu’hospitaliers : crèche des enfants du personnel, « maison de l’enfant », boutiques, cafétéria du public, école réservée aux enfants hospitalisés… Pour couronner le tout, la rue est équipée d’un belvédère circulaire qui offre un panorama saisissant sur la capitale parisienne ! Ainsi, bien qu’hospitalisés, la proximité avec des services urbains classiques permet aux enfants de se sentir encore faisant partie d’une urbanité et ne les astreint pas à une position de « malade ». La pensée de Pierre Riboulet va avoir de nombreux échos et par exemple, l’architecte Aymeric Zublena décline cette formule pour l’hôpital européen Georges Pompidou en dessinant une rue hospitalière piétonne de 210 mètres de long qui traverse l’hôpital et qui sert de liaison entre le RER C et le métro. Suivant le même principe, La Maison de Solenn, institut dédié à la prise en charge des adolescents et inauguré en 2004 dans le 14e arrondissement parisien, déploie une longue élévation sur le boulevard du Port-Royal permettant aux jeunes patients de rester en contact avec la ville.
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