Alors que la population reprend petit à petit l’habitude d’emprunter les bus, les métros et autres tramways après la pandémie mondiale, le secteur des transports publics peine à se relever. L’Observatoire de la mobilité 2022 affirme, avec ses relevés, que la fréquentation des transports en commun en France est en pleine croissance depuis sa chute considérable en 2020, passant de 53% en 2021 à 59% en 2022, contre 73% en 2019. La suppression du port du masque obligatoire et l’augmentation du prix des carburants auraient notamment contribué à ce regain de fréquentation.
Pourtant, les opérateurs de transports font toujours face à de grandes difficultés financières, s’élevant à près de 2,5 milliards d’euros. Une dette qui alourdit le modèle économique du secteur alors qu’il commençait seulement à se redresser depuis 2017 après une dizaine d’années de recul : “le modèle économique du transport public urbain est reparti dix ans en arrière” notifie l’UTP – l’Union des transports publics et ferroviaires. De fait, comme effet boule de neige, la crise s’est accélérée et s’est transformée en crise de l’emploi. Avec de faibles possibilités d’évolution, un rythme de travail dense et décalé, et un salaire débutant légèrement plus haut que le SMIC à la RATP, la fidélisation salariale est faible et le taux d’absentéisme grandissant. Alors les places libres trouvent difficilement preneur et le manque d’effectif impacte directement les conditions de travail de celles et ceux qui restent : “on ne prend plus de jours de repos aussi facilement qu’avant, on limite les arrêts-maladies et surtout on se démotive” comme l’atteste Éric Pelan, conducteur du RER B et représentant syndical Unsa-Ratp. Par conséquent, l’offre de transport se fait moins qualitative et la fréquence de passage moins importante qu’elle ne le pourrait, en attestent les panneaux d’affichages signalant les perturbations sur les lignes, les wagons bondés et les scènes de cohue de ces derniers mois.
Cette situation n’est pas propre au réseau francilien puisque les transports du réseau TCL à Lyon sont eux aussi en cadence réduite depuis novembre 2022 : “Le manque de personnel contraint le réseau TCL à baisser son offre de -4 % à -8,6 %”. Aussi, par-delà même nos frontières françaises, le réseau de la capitale irlandaise et celui du Luxembourg subissent également une pénurie de chauffeurs depuis quelques mois.
En réponse à la problématique, à laquelle s’ajoute la crise énergétique actuelle (qui nous rappelle d’ailleurs à quel point il est nécessaire de transiter plus rapidement vers un modèle durable), les prix des tickets et forfaits de transports ont augmenté depuis janvier 2023. Pour la RATP, on parle d’une augmentation de 12% par rapport au prix initial, une réforme qui ne plaît certainement pas aux usagers qui l’estiment injustifiée et difficile au vu de l’inflation que connaît actuellement notre économie.
Cette crise du transport, qui paraît se généraliser en milieu métropolitain, démontre à la fois les limites du réseau de cette mobilité douce, et aussi à quel point nous sommes également dépendants du transport public. Mais alors dans l’imaginaire d’une totale transition de la voiture vers une mobilité essentiellement commune, les transports publics seront-ils à la hauteur du flux et des attentes des usagers ? Quelle solution s’offre à nous en termes de mobilité ?
Les urban loops pour la décongestion des villes, top ou flop ?
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